Communiqué de Monseigneur Legrez, archevêque d’Albi :
“En cette période, où l’Église se prépare à célébrer la fête de tous les Saints, comment ne pas déplorer très vivement le climat de violence qui s’est installé autour de « l’affaire du barrage de Sivens » et qui a entrainé la mort d’un jeune homme de Toulouse.
L’Évangile de la Toussaint nous rappellera dans quelques jours que « les artisans de paix seront appelés fils de Dieu ». En effet, les enfants participent à la vie de celui qui n’est qu’amour. C’est même là leur bonheur.
J’invite les chrétiens du Tarn à être de vrais témoins du Christ en opposant à toute forme de violence la bienveillance et le dialogue. Ensemble prions aussi pour le repos de l’âme de Rémi Fraisse et pour sa famille durement éprouvée.
Demandons à Dieu de faire se lever des artisans de paix capables de faire cesser la violence et d’œuvrer pour le bien commun.”
C’est la récompense des “artisans de paix” que d’être appelés fils de Dieu, autrement dit, de le devenir. Une chose vient après l’autre : l’œuvre de paix, d’abord, et ensuite sa récompense, qui est de recevoir la vie de Dieu. Toutes les Béatitudes mettent pareillement en relation de cause à effet une situation présente qui comporte un sacrifice avec une situation future, toujours la même sous différents noms, i.e. le salut éternel. Ce n’est donc pas EN VERTU de sa participation à la vie divine que les chrétiens sont artisans de paix, mais AFIN d’avoir cette participation. Ils ne sont pas artisans de paix pas parce que, étant enfants de Dieu, ils participent à l’essence de Dieu qui est l’Amour ; il sont artisans de paix parce qu’ils veulent observer le commandement d’amour, dans le dessein de devenir enfants de Dieu.
Pourquoi faire observer cette nuance ? Eh bien parce qu’il est capital de comprendre que le salut (= être appelé enfant de Dieu et toutes les autres Béatitudes) n’est pas une chose acquise. L’amour n’est pas dans l’homme encore faillible (c’est-à-dire l’homme qui n’est pas encore entré effectivement au ciel) une manifestation naturelle de son essence, comme c’est le cas pour le Fils de Dieu. Nous n’aimons pas parce que nous sommes sauvés mais afin de mériter de l’être.
La théologie “moderne” (pour ne pas dire moderniste) tend à escamoter l’idée de jugement, sans doute pour présenter un Dieu incapable de ne pas sauver. Mais, contrairement à un slogan très en vogue, l’amour de Dieu n’est pas “inconditionnel”. Dieu aime ceux qui l’aiment et aiment leur prochain. Il n’aime pas ceux qui ne pratiquent pas la loi d’amour. Il faut aimer sous peine d’Enfer : voilà ce qu’enseigne clairement la doctrine du Nouveau Testament. Il n’y a pas à voiler le caractère d’imposition de la loi d’amour. Dieu nous laisse libres, certes ; mais libres d’être sauvés en lui obéissant ou perdus en suivant nos caprices.