Une cinquantaine de personnalités attachées à la défense du mariage et de la famille ont publié une lettre ouverte à l’approche de l’ouverture du synode extraordinaire sur la famille à Rome, dimanche. Je vous propose ici la traduction de ce document important, réalisé par des experts catholiques ou non, tous d’accord cependant sur le chemin à prendre pour le bien de cette institution indispensable à toute société humaine.
On notera, parmi de nombreux signataires connus ou moins connus, la présence de Mary Ann Glendon, l’envoyée du pape Jean-Paul II à la Conférence de Pékin pour y contrer, déjà, l’idéologie du genre (ici, la conférence d’Yves Daoudal qui l’évoque) – J.S.
Le texte original de la lettre est ici.
Très Saint Père, Eminences, Excellences,
Nous nous réjouissons de ce que le Saint-Père ait capté l’attention du monde entier, suscitant tant de bienveillance à l’égard de la foi chrétienne ! Comme beaucoup nous sommes profondément émus par ses expressions d’amour et de miséricorde, qui se font l’écho de l’amour et de la miséricorde du Christ, spécialement à l’égard de ceux qui sont sans défense et abandonnés.
C’est dans ce contexte que nous accueillons avec enthousiasme la décision de réunir un synode extraordinaire d’évêques pour examiner les défis auxquels sont confrontés le mariage et la famille. Comme chacun de vous, nous croyons que la famille, à l’instar de l’Eglise elle-même, la plus grande manifestation institutionnelle de l’amour du Christ. Pour ceux qui veulent aimer comme Il veut que nous aimions, le mariage et la famille sont indispensables, à la fois comme moyens de rédemption et comme remparts de la société humaine.
Les derniers papes ont souligné cela de la manière la plus claire. Par exemple, le pape Benoît XVI a écrit que « le mariage est véritablement un instrument de rédemption, non seulement pour ceux qui sont mariés mais pour la société tout entière ». Et dans Evangelii Gaudium, Votre Sainteté avez écrit que « l’indispensable contribution du mariage à la société transcende les sentiments et les besoins momentanés du couple ».
Ce synode est une occasion d’exprimer les vérités intemporelles du mariage. Pourquoi ces vérités sont-elles importantes ? Comment représentent-elles l’« amour véritable », et non « l’exclusion », le « préjugé » ou toutes les autres accusations aujourd’hui portées contre le mariage ? Les hommes et les femmes ont désespérément besoin d’entendre la vérité sur la raison pour laquelle ils doivent d’emblée décider de se marier. Et une fois mariés, pourquoi le Christ et l’Eglise désirent qu’ils restent fidèles l’un à l’autre tout au long de leur vie sur cette terre. Que, lorsque le mariage devient difficile – comme c’est le cas pour la plupart des couples – l’Eglise sera source de soutien, non seulement pour chaque époux pris individuellement, mais pour le mariage lui-même.
Vous avez écrit de manière si puissante, Saint Père, à propos de l’importance d’une nouvelle évangélisation au sein de l’Eglise : « Une communauté qui évangélise s’implique par la parole et par le geste dans la vie quotidienne des gens ; elle jette des ponts entre les points éloignés, elle est prête à s’abaisser si nécessaire et elle embrasse la vie humaine, touchant la chair souffrante du Christ dans le prochain. »
Permettez-nous de suggérer humblement que dans le contexte du mariage et de la famille, vos paroles sont un appel à la responsabilité personnelle, non seulement pour nos propres époux et enfants, mais pour les mariages de ceux que Dieu a placés à nos côtés : nos parents et amis, ceux qui sont dans nos églises et dans nos écoles.
Les enjeux sont importants. Selon un rapport international de Child Trends en 2013 : « Des augmentations dramatiques de la cohabitation, du divorce, et des naissances hors mariage dans les Amériques, en Europe et en Océanie ces dernières quatre décennies laissent penser que l’institution du mariage a beaucoup moins d’importance dans ces parties du monde. » Aux Etats-Unis, le taux de nuptialité est le plus bas jamais enregistré, la cohabitation non maritale devient rapidement une alternative acceptable par rapport au mariage, et plus de la moitié des naissances chez les femmes de moins de 30 ans se produisent aujourd’hui hors mariage. Parmi les innombrables effets négatifs de ces tendances, chacune d’entre elles a été corrélée à moins de valeur nette et de mobilité économique, à la pauvreté, et aux aides sociales – particulièrement pour les femmes et les enfants.
Parmi les mariages existants, il en est beaucoup qui sont fragiles ou tendus. Entre 40 et 50 % de tous les premiers mariages aux Etats-Unis sont considérés comme devant se terminer par un divorce. Ce taux augmente rapidement à chaque remariage et la recherche suggère que la raison n’en est pas une faible qualité du mariage, mais le défaut d’engagement.
Les conséquences du divorce et du concubinage pour les enfants et les adultes sont nombreuses et diverses : depuis la pauvreté et un moindre niveau d’études jusqu’à une moins bonne santé ; d’un engagement marital plus déficient à l’âge adulte à la mortalité plus précoce. Et tandis que chaque nation est unique, les études montrent que ces tendances se retrouvent sur l’ensemble du globe. Un petit échantillon de ces études : Chine, Finlande, Suède, Uruguay, Mexique, Grèce, Afrique, and Les nations du Pacifique et de l’Asie orientale.
Le prix à payer pour la diffusion de la pornographie dans les sociétés est significatif. Les études d’impact de la pornographie sur les relations de couple suggèrent qu’il s’agit là d’un facteur majeur de destruction des mariages. Malheureusement, la recherche sur le long terme des effets de la pornographie sur les mariages sont pour ainsi dire inexistantes.
Ce qu’on appelle le « divorce sans faute » aux Etats-Unis et dans beaucoup d’autres nations a donné naissance à un système où les juges et les avocats facilitent la dissolution des mariages, souvent contre la volonté d’époux qui restent fermes dans leur engagement matrimonial.
Malgré les perspectives maussades dessinées par ces tendances, nous sommes encouragés et affermis par l’exhortation du Saint-Père : « Les défis existent pour être surmontés ! Soyons des réalistes, mais sans perdre notre joie, notre audace et notre engagement plein d’espérance. »
Peut-être la manière la plus audacieuse d’évangéliser les couples mariés (et par extension les futurs mariages de leurs enfants) est-elle de construire de petites communautés de couples mariés qui se soutiennent mutuellement et sans conditions dans leur vocation à la vie conjugale. Ces communautés apporteraient des réseaux de soutien fondés sur les liens de la foi et de la famille, l’engagement en faveur du mariage pour la vie, et la responsabilité de l’un envers l’autre et pour l’autre.
Voici quelques moyens pratiques de créer et de soutenir de telles communautés :
• Donner mission au Conseil pontifical pour la famille d’engager des recherches inter-disciplinaires, longitudinales sur le rôle de la pornographie et du divorce « sans faute » dans la crise du mariage.
• Eduquer les séminaristes. Fournir des cours obligatoires incluant les données sociologiques sur les bienfaits du mariage, les menaces sur le mariage, et les conséquences du divorce et du concubinage pour les enfants et pour la société.
• Apprendre aux prêtres à mettre en évidence dans leurs homélies la valeur spirituelle et sociale du mariage, les défis contemporains auquel il est confronté, et l’aide paroissiale aux mariages en difficulté. Une étude récente a montré que pour 72 % des femmes américaines, l’homélie hebdomadaire est leur source principale pour connaître la foi.
• Créer des réseaux petits mais actifs de couples mariés solides comme mentors au niveau paroissial, qui soient disponibles pour donner aux époux les outils nécessaires pour un mariage sain et pour la vie.
• Eduquer les paroissiens afin qu’ils connaissent l’extraordinaire influence qu’ils peuvent avoir sur les mariages de leurs amis et de leur famille. Les données de la sociologie montrent que la présence d’amis et de parents divorcés fait grandir le risque du divorce pour soi. A l’inverse, ces données ont suggéré que les membres de la famille et les amis peuvent augmenter le niveau d’engagement et de satisfaction du mariage de ceux qu’ils aiment grâce à leur exemple et à leur soutien.
• Encourager et aider à la réconciliation des couples mariés qui se sont séparés ou qui ont obtenu un divorce devant les tribunaux civils.
• Demander aux évêques du monde entier de mettre en place des prières régulières à l’occasion de la messe du dimanche pour demander des mariages solides et fidèles.
• Soutenir les efforts pour préserver ce qu’il y a de bon et de juste dans les lois existantes du mariage, s’opposer à tous les changements dans ces lois qui affaibliraient davantage l’institution, et de restaurer les dispositions légales qui protègent le mariage en tant qu’union conjugale d’un homme et d’une femme, qui y entrent en étant ouverts au don des enfants, et qui soit vécu fidèlement et se manière permanente comme fondement de la famille naturelle.
• Soutenir la liberté religieuse devant les tribunaux de divorce. Un grand nombre de personnes ignore que la liberté religieuse est fréquemment violée par les juges du divorce qui laissent de côté ou méprisent le point de vue de l’époux qui cherche à sauver son mariage, maintenir ses enfants dans une école confessionnelle, ou empêcher l’époux parti d’exposer les enfants à un partenaire sexuel non marié. Mettre en place un consortium d’avocats et de législateurs de manière à combattre ce problème.
L’accomplissement de n’importe lequel de ces buts à l’échelle internationale serait un grand pas en avant pour les mariages et pour les familles. Les accomplir tous pourrait renverser totalement la crise mondiale du mariage.
Grâce à votre conduite, nous aiderons les mariages à réussir et à fleurir en donnant la plus grande valeur à l’engagement matrimonial – à tous les niveaux de la société, dans tous les coins du monde. Nous remercions Votre Sainteté, Vos Eminences et Excellences de vous charger de cette tâche vitale ; vous pouvez être assurés de nos prières pour son grand succès.
Greg and Julie Alexander
Fondateurs, The Alexander House Apostolate, Texas
Ryan T. Anderson
William E. Simon Membre de Religion and a Free Society, The Heritage Foundation, Washington, DC
Erika Bachiochi, Esq., juriste et écrivain, Massachusetts
Monsignor Renzo Bonetti, fondateur et président, Fondazione Famiglia Dono Grande, Italy
Gerard Bradley, professeur de droit, University of Notre Dame Law School
Ana María Celis Brunet, Professeur de Droit, Pontificia Universidad Católica de Chile
Mary Eberstadt, Senior Fellow, Ethics and Public Policy Center, Washington, DC
Jason and Crystalina Evert, fondateurs, Chastity Project, Colorado
Patrick Fagan, directeur, The Marriage and Religion Research Institute, Family Research Council, Washington, DC
Thomas Farr, professeur et directeur associé, The Religious Freedom Project, Georgetown University
Silvio Ferrari, professeur de droit, Université de Milan, Italy
Richard Fitzgibbons, directeur, The Institute for Marital Healing, Pennsylvania
Juan G. Navarro Floria, professeur, Pontificia Universidad Católica Argentina
Matthew Franck, William E. and Carol G. Simon Center on Religion and the Constitution, The Witherspoon Institute, New Jersey
Robert P. George, professeur McCormick de Jurisprudence, Princeton University
Mary Ann Glendon, professeur de droit Learned Hand, Harvard University
Bruce and Jeannie Hannemann, co-Directeurs, co-fondateurs RECLAiM Sexual Health, Elizabeth Ministry International
George A. Harne, président, The College of Saint Mary Magdalen
Mary Hasson, Fellow, Catholic Studies Program, Ethics and Public Policy Center, Washington DC
Alan J. Hawkins, professeur de vie familiale, Brigham Young University
Kent R. Hill, International Development leader, Washington DC
Byron Johnson, Distinguished Professor of the Social Sciences and Director, Institute for Studies of Religion, Baylor University
Thomas Lickona, directeur, Center for the 4th and 5th Rs (Respect and Responsibility) State University of New York at Cortland
John McCarthy, doyen, School of Philosophy, The Catholic University of America
Rocco Mimmo, Chairman, Ambrose Centre for Religious Liberty, Sydney, Australia
Gloria M. Moran, professeur de droit, chaire de Droit, religion et politique, University of La Coruña Spain.
Jennifer Roback Morse, présidente, Ruth Institute, California
Melissa Moschella, professeur assistant de philosophie, The Catholic University of America
Rafael Navarro-Valls, professeur émérite de droit, université Complutense, Espagne, secrétaire général de l’Académie royale de jurisprudence et de législation
Rafael Palomino, professeur de droit, université Complutense, Espagne
Marcello Pera, ancien président du Sénat italin, professeur à l’université pontificale du Latran, Rome
Vicente Prieto, Universidad de La Sabana, Bogotá, Colombia
P. Juan Puigbó, diocèse d’Arlington, Virginie
David Quinn, directeur, The Iona Institute, Ireland
Mark Regnerus, professeur associé de sociologie, University of Texas, Austin
Balázs Schanda, professeur de droit, université catholique Pázmány Péter, Hongrie
Alan E. Sears, président, directeur exécutif, Alliance Defending Freedom
Reverend Charles Sikorsky, président, The Institute for the Psychological Sciences, Virginia
O. Carter Snead, professeur de droit, directeur William P. and Hazel B. White, Center for Ethics and Culture, University of Notre Dame
Reverend D. Paul Sullins, professeur de sociologie, The Catholic University of America Senior Fellow for Family Studies, Family Research Council
President, The Leo Institute, Washington, DC
Rebecca Ryskind Teti, Center for Family Development, Our Lady of Bethesda
Mervyn Thomas, Chief Executive, Christian Solidarity Worldwide, United Kingdom
Javier Martinez-Torron, professeur de droit, chaire du département de droit et de religion, Complutense
Hilary Towers, psychologue, Manassas, Virginia
D. Vincent Twomey, professeur émérite de théologie morale, Pontifical University, Maynooth, Ireland
Paul C. Vitz, Senior Scholar and Professor, The Institute for the Psychological Sciences, Virginia
Rick Warren, fondateur et pasteur, Saddleback Church, Lake Forest, California
Robert Wilken, professeur émérite William R. Kenan, Jr. d’histoire du christianisme, University of Virginia
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Alors là on atteint des sommets ! Autant de talents pour autant de bêtise : c’est sidérant !
Rappelons en outre qu’il n’y a pas une ligne dans les Évangiles sur la famille. Mais qui se soucie ici des Évangiles. Il n’y a que vile idéologie, étroitesse d’esprit et bêtise revendiquée !
Continuez, accélérée même : le mur n’est plus loin !
Pas un français!
Paroles fondées en vérité. Puissent-elles être entendues.
Mais plus que de faire peur, il est capital de séduire, d’attirer dans la lumière, de faire sentir la douceur irremplaçable de la chaleur.
Du Chili à l’Australie … du beau monde ! Il y manque ‘la France’ de moins en moins belle – Il est vrai qu’avec la ‘bien-pensance’ et le ‘politiquement correct’ les bonnes consciences pas très courageuses se sentent muselées …