La presse hispanophone reprend largement cette information d’El Mundo qui s’appuie sur des « sources gouvernementales » non identifiées : pris entre son opposition de gauche et le ventre mou de son Partido Popular, le Premier ministre espagnol aurait déjà pris la décision de remiser son projet de durcissement de la loi sur l’avortement, sans même avoir pris la peine d’en avertir le ministre de la justice qui porte le projet, Alberto Ruiz-Gallardon.
Je n’ai certes pas la possibilité de vérifier l’exactitude de l’information, mais – comme le signale elperiodico.es pour s’en réjouir – le fait est que le projet a rencontré des résistances au sein du parti au pouvoir qui s’était pourtant fait élire, en 2011, sur la promesse d’abroger la « loi des délais » introduite sous Zapatero. Cette loi fait de l’avortement un droit de la femme pendant les délais légaux.
Vrai encore : devant l’absence de consensus au sein de son parti, Rajoy a tenté d’apaiser les uns et les autres en ouvrant des consultations internes et en laissant s’exprimer les chefs de régions affolés à l’idée de perdre leurs mandats sur cette polémique.
Vrai aussi, le recours de Rajoy aux divers atermoiements qui font qu’en près de trois ans, et malgré les avis favorables : une première version avait été approuvée en décembre dernier et le projet définitif présenté au gouvernement par Ruiz Gallardon en juin, un peu retoqué pour tenir compte des résistances, aurait pu être soumis au Parlement dès la rentrée. S’il avait été dans l’intérêt de Rajoy de le faire, note El Periodico, il n’aurait pas tardé.
Mais la restriction significative des conditions de dépénalisation de l’avortement, que le projet entend réserver aux seuls cas de danger pour la vie de la mère et de grossesse résultant d’un viol. Ruiz Gallardon avait mis un point d’honneur à éliminer des cas de dépénalisation la « malformation grave » de l’enfant à naître, aux relents évidemment eugéniques. C’est sur ce dernier point que portaient les dernières discussions en date, sous la pression du lobby de l’avortement.
Le PP aurait-il enterré sa promesse à son électorat, massivement présent dans la rue à intervalles réguliers ces dernières années pour réclamer « l’avortement zéro » ? Beaucoup de choses semblent l’indiquer, à commencer par le fait que Ruiz Gallardon n’a pas pu présenter son projet qu’il assurait devoir porter devant le législateur « avant la fin de l’été ».
La presse espagnole parle du « coût électoral élevé » du projet alors que de nouvelles élections approchent en 2015. Aux européennes, il a manqué 2,5 millions de voix au Partido Popular qui, selon les analyses internes, sont celles de centristes ayant choisi l’abstention. Or le centriste est moins pro-vie ; il s’agirait donc de le récupérer en faisant profil pas sur cette question.
La presse se demande désormais si, pour ne pas faire perdre la face à son ministre de la justice, Rajoy ne va pas faire approuver le projet de loi en conseil des ministres pour ensuite jouer une nouvelle série d’atermoiements devant le Parlement, équivalents à un enterrement sur la durée. L’autre option étant de l’« oublier », purement et simplement.
HazteOir, la « plateforme citoyenne » pro-vie espagnole, lançait dès vendredi une nouvelle campagne pour que la manifestation pro-vie prévue pour le 21 septembre à Madrid et dans de nombreuses villes d’Espagne et du monde hispanophone soit une énorme succès, destiné à rappeler à Rajoy ses engagements solennels d’introduire une législation restrictive sur l’avortement.
La Ve Marche pour la Vie ne se bornera plus à exprimer son espoir ni sa volonté de voir éliminé l’avortement légal des lois espagnoles, appelant le Premier ministre et le PP à tenir leurs promesses, mais dira son indignation. « 292.000 êtres humains exterminés avec le PP au pouvoir, et voici qu’ils disent que leur promesse de légiférer pour la vie allait rester dans les cartons, “en paix” ! » « Tout ce qu’ils ont fait pendant tout ce temps, c’est de discuter pour savoir si certaines personnes pouvaient être avortées », souligne HazteOir.
La vidéo appelant à la Marche pour la Vie comporte l’enregistrement de Rajoy s’engageant à modifier la loi sur l’avortement « pour renforcer la protection du droit à la vie ». 300 avortements par jour : c’est le triste bilan de son gouvernement « conservateur ».
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touours des reniements ! l’Espagne est, elle aussi dans la bassesse !
envie de vomir !
La vie des bébés à naître contre leurs mandats ! Opter pour perpétrer leur massacre pour sauver leurs mandats électoraux ! Quelle bande de vendus et de corrompus ces politiques ! Ils ne les emporteront pas au Paradis, leurs mandats électoraux… s’ils y vont !
J’implore la Miséricorde de Dieu, certes, mais aussi sa Justice !
Ya os habia dicho que Rajoy se iba a rajar!
Democracia cristiana hijos del demonio
Bien peu de politiciens sont dignes de confiance et respectent leurs engagements électoraux. Seul compte pour beaucoup leur seule réélection et les avantages matériels qu’ils peuvent immédiatement tirer de leurs fonctions.
Les politiciens honnêtes et visionnaires sont vraiment l’exception.
La plupart des médecins avorteurs sont vénaux et cherchent seulement la rentabilité au mépris de ceux qui s’adressent à eux et sont prêts à tous les contrats sur la tête des autres.
Aussi je pense que la meilleure façon de lutter contre des pratiques criminelles est bien l’information de ceux qui peuvent y recourir, et l’appel à leur conscience.
Je vous remercie, chère Jeanne Smits, de participer, oh combien activement à cette prise de conscience.
Je ne sais pas si “l’Espagne est elle aussi dans la bassesse” ; c’est aux Espagnols de le dire et on devrait se garder de porter un jugement aussi hâtif sur ce pays en pleine souffrance !
Ce qui est sûr, et Mme Smits l’avait déjà pressenti dans ses articles précédents, le gouvernement de M. Rajoy n’avait aucune volonté politique précise pour faire cette réforme. En outre, il aurait dû “s’activer” davantage auprès du Conseil de l’Europe pour espérer un retournement de tendance favorable à cette réforme.
Manque de volonté politique, c’est sûr, mais on peut aussi se demander si, dans l’état actuel de la construction européenne (ou plutôt de sa déconstruction pour parler comme….), il existe encore un gouvernement à Madrid, mais aussi à Rome, à Lisbonne, à Paris, etc. pour se lancer dans une politique publique de la famille digne de ce nom.
Il est à noter qu’Amnesty International avait lancé une pétition en ligne massive et virulente contre le projet de modification de la loi espagnole sur l’avortement, un “retour en arrière dangereux et une atteinte aux droits des filles et des femmes”, adressée au gouvernement espagnol, qui a dû être impressionné par le nombre de signatures …