Mgr Henri Brincard aura 75 ans en novembre prochain. Sa succession est dons posée, d’autant que son état de santé est préoccupant (il a contracté un cancer l’hiver dernier). Bien qu’affaibli, l’évêque a quand même célébré la procession du 15 août au Puy, où il est apparu amoindri mais sa force de caractère a tempéré sa faible voix.
Quoi qu’il en soit, l’évêque du Puy remettra sa charge au Saint-Père conformément au canon 401 du code de droit canonique. Cet article pose la question de son successeur :
“Lorsqu’un diocèse est vacant, le nonce apostolique [Mgr Luigi Ventura], cet agent diplomatique du Saint-Siège, accrédité comme ambassadeur de ce dernier auprès des Etats, est chargé de mener une petite enquête auprès de personnes connaissant le diocèse, à la fois en interne et en externe. Il établit alors une liste de noms susceptibles d’occuper la fonction et la transfère à Rome, à la congrégation des évêques, présidée par un cardinal [Marc Ouellet], qui aide le Pape à trancher, puisqu’en dernier ressort, c’est toujours lui qui décide du nouvel évêque. Le Pape informe ensuite le gouvernement français avant d’officialiser la nouvelle, au cas où l’évêque nommé puisse présenter un obstacle embarassant en terme politique ou diplomatique. Cette procédure est avant tout “une délicatesse auprès du gouvernement français“, nous précise une source diocésaine, “et c’est un peu une particularité française“.
Selon quels critères est choisi le nouvel évêque ?
Pour être nommé à la tête d’un diocèse, il n’est pas nécessaire de connaître le territoire et il y a même une certaine tradition qui conduit à ne pas nommer un membre du diocèse, afin d’éviter tout problème d’égo et surtout pour apporter un regard neuf avec un homme nouveau. Mgr Henri Brincard sera bien évidemment consulté par le nonce apostolique et il peut même souffler un nom, mais la décision ne lui appartient pas. Pour être nommé évêque, il faut déjà être prêtre, mais également avoir un diplôme en philosophie, en droits ou en théologie. Le diplôme n’est pas indispensable mais une solide culture générale, une maturité humaine et une certaine expérience sont requises. Au final divers profils sont possibles mais si en théorie, un étranger peut être nommé, la probabilité est très faible en France car la pratique est plutôt réservée aux pays du tiers-monde.
En août 1988, Jean-Paul II a nommé Mgr Henri Brincard à la tête du diocèse, succèdant à Mgr Cornet.
Comme le départ de l’évêque du Puy a été anticipé, la probabilité d’une vacation est relativement faible. S’il y a bien quelques noms qui circulent déjà quant au succésseur de Mgr Henri Brincard, il faudra encore patienter un peu. Le nom d’un ancien supérieur de séminaires circule déjà.
Pourquoi cette question??!! Feriez-vous du mauvais esprit? Manqueriez-vous à la vertu d’espérance?
Le choix est immense! Fera parfaitement l’affaire : un ancien aumônier JOC, ou le supérieur d’un séminaire en déroute fermé sous Jean-Paul II, ou un vicaire général en cravate, …ou un évêque auxiliaire imposé par son propre ordinaire contre la volonté de Rome (période Benoît XVI bien entendu).
L’oeuvre mariale et la pastorale traditionnelle de Mgr Brincar seront dans de bonnes mains!!
Pourquoi vous préoccuper autant de la tenue vestimentaire des évêques ? Le col romain n’est qu’une invention humaine. Ce que l’on demande à un évêque c’est d’être un bon pasteur. Pourvu qu’il soit digne, sa tenue importe peu.
Incroyable : un chrétien ici !
Tous les possibles sont donc possibles… Merci de l’information !
La seule nouvelle certaine, c’est qu’il aura 75 ans en novembre, et qu’il sera alors tenu de présenter sa démission au Saint Père, qui peut l’accepter avec effet immédiat… ou non.
Ensuite, on peut en effet espérer que le prochain évêque du Puy (puisqu’il y en aura bien un, mais Dieu seul sait qui et quand) sera sensible à la dimension éminemment mariale de ce diocèse, que Mgr Brincard avait particulièrement honorée. On peut l’espérer, on peut même prier pour, afin que la nomination soit bien inspirée — ce genre de décision n’étant certes pas infaillible, même s’il faut tenir que l’Esprit saint assiste son Église. Et l’on peut déjà prier pour ce futur évêque, connu pour l’heure dans le cœur de Dieu.
On voit mal en quoi la succession de Mgr Brincard au Puy poserait davantage de problèmes que celle de Mgr Mousset à Pamiers ou de Mgr Marceau à Perpignan. Les prêtres les mieux préparés à devenir pasteurs d’un diocèse sont encore les curés de paroisse.
La “prénotification officieuse” obligatoire en matière de nomination des évêques n’est pas tout à fait “une délicatesse auprès du gouvernement français. Selon un excellent article du canoniste milanais Georgio Feliciani (Les nominations épiscopales entre liberté de l’Eglise et l’intervention de l’Etat : la “prénotification officieuse”, in RDC 46/2, 1996, p.345-358), il s’agit de l’exercice du “ius obiectionis” ou droit d’objection des états préalable à la publication de la nomination. Ceci concerne des pays concordataires (mais selon des modalités propres à chaque concordat), des pays à régime de droit propre (en France au moins pour l’Alsace-Moselle), des pays de pleine séparation (toujours la France mais “de l’intérieur” ou “vieille France”). Ce droit d’objection est à étudier en relation avec les affirmations précises du Concile Vatican II (Décret Christus Dominus n°20b), qui, sans exclure le droit d’objection mais explicitement l’élection, la nomination, la présentation, et la désignation des candidats par les pouvoirs publics, proclament un droit propre et exclusif de l’autorité ecclésiastique en la matière. Or affirmer un droit propre et exclusif vise à restreindre toute possibilité d’ingérence de l’Etat en la matière jusqu’à en obtenir la disparition complète. Ce résultat est atteint en Italie, selon les termes du concordat de 1984, puisque l’Eglise ne “prénotifie” plus les nominations d’évêques à l’Etat avant publication, mais les notifie après, ce qui constitue là un véritable acte de courtoisie. En France – en vieille France pour les nominations d’évêques diocésains – on n’en est pas à cette pratique de la courtoisie. La pratique de la “prénotification officieuse” est une véritable exigence de tous les gouvernements français qui se sont succédés depuis la reprise des relations diplomatiques en 1921 et les accords Briand-Ceretti de 1923. C’est ce qu’on appelle “l’aide mémoire de la secrétairerie d’Etat”. Dans son livre “La République, les religions, l’espérance”, M. Sarkozy évoque “en passant” (!) cette question. Selon mes sources, du côté de l’Etat, on exige réellement le maintien de cette pratique à cause de la situation de droit propre de l’Alsace-Moselle, du financement des cultes dans cette partie de la France, et à cause des frais engagés par les communes ou par l’Etat pour la maintenance des édifices publics du culte catholique. M. Sarkozy cite un exemple d’objections portées par l’Etat dans les années 1970, mais nous avons un exemple beaucoup plus récent et avéré concernant le diocèse concordataire de Metz…
Je ne parle pas ici de l’évêque du diocèse aux armées françaises qui a un statut de militaire.
Ceci conduit à 3 remarques :
– l’Eglise catholique cherche à obtenir peu à peu, avec patience, des résultats plus conformes aux principes du “droit propre et exclusif” énoncés dans Christus Dominus n°20b qui est la source du can. 377§1 du Code de 1983.
– Pour ce faire, elle ne rejette le principe de la “prénotification officieuse” ni dans le Concile ni dans le Code au can.377§5. Mais ce principe peut à mon sens être interprété en tension avec l’affirmation du droit propre et exclusif de l’Eglise, qui vise à en réduire les effets et finalement à le faire disparaître.
– Quoi qu’il en soit, et pour revenir à la situation française, nous sommes en face d’une pratique difficile de l’Eglise face à une prétention juridique constante et dure du ‘ius obiectionis” (nous ne sommes pas du tout dans un échange de bons procédés de courtoisie), liée à un argumentaire et à des pratiques de pression parfaitement définis et repérables. Il s’en suit deux types d’inconvénients pour la société française constituée en Etat et pour l’Eglise catholique :
– La France reconnaît à l’Etat le droit de nommer les évêques d’Alsace-Moselle et le droit à prénotification pour les autres diocèses, alors qu’elle fait de la laïcité une de ses prérogatives les plus jalousement gardées (Constitution de 1958 art.1), tout comme l’égalité des citoyens devant la loi, à l’abri de tout conditionnement dérivé de leur orientation politique et idéologique. La maintien de la prénotification, exigé par l’Etat et accepté par l’Eglise en ce sens qu’elle préfère ne pas s’y opposer, met à mal un ensemble de principes constitutifs de la société politique républicaine en France, et l’égalité des citoyens en dignité et en droits. On pourrait faire le même raisonnement concernant le maintien de la précédence obligatoire du mariage civil selon le Code pénal art.433-21, sous l’aspect de la laïcité proclamée de l’Etat et de l’égalité des citoyens devant la loi de la république.
– L’Eglise catholique accepte comme “un “moindre mal” une prétention de l’Etat à intervenir hors de son ordre propre, sans que soient précisées juridiquement les incidences d’une non-prénotification, ou sans que les objections de caractère politique soient circonscrites en termes juridiques (l’Etat a ainsi tout loisir d’invoquer des raisons “générales” auxquelles l’Eglise s’en tenant à son ordre propre ne pourra objecter à son tour). On peut se demander si finalement l’Eglise ne préviendra pas elle-même le risque d’objections étatiques en pratiquant la nomination de ses évêques selon un principe d’auto-censure. On est loin des Papes de l’antiquité qui s’opposaient frontalement aux lois de l’Empire en autorisant le mariage des esclaves avec des citoyens romains. La tout est de savoir si on s’achemine peu à peu vers la mise en pratique du “droit propre et exclusif” proclamé par le Concile Vatican II (qui intègre les progrès antérieurs en la matière), ou si, par auto-censure préalable (c’est la “prénotification” à soi-même !!), on ne risque pas de s’acheminer vers la constitution d’un haut-clergé politiquement conforme voire conformiste.
Merci P Christian pour ces informations peu connues.
C’est la comble de voir un Etat maçonnique se prévaloir de l’entretien des églises à sa charge pour maintenir son abus de pouvoir, alors que c’est ce même Etat qui a spolié l’Eglise de toutes ses possessions.
Après on s’étonne d’avoir l’épiscopat que nous avons.
Dieu va faire le ménage par l’intermédiaire des islamistes, à moins qu’Il ne décide de le faire directement.