Le quotidien La Libre Belgique est tout sauf “cathofriendly”, c’est le moins qu’on puisse en dire. Son laïcisme lui fait souvent traiter le catholicisme et l’Église en Belgique avec un ton qui oscille constamment entre causticité et franc mépris. L’aménité est une vertu que la rédaction ne pratique pas. En tout cas pour tout ce qui est estampillé “catholique”. Toutefois, il faut lui savoir gré d’avoir publié le 19 juin dernier, un article où ne manque ni une certaine finesse d’analyse ni le persiflage – le manque de ce dernier eût été comme miraculeux. On pourrait, évidemment, ergoter à l’infini sur certaines assertions. Le cardinal Timothy Dolan, archevêque de New York, n’est pas le « chef de file » de l’épiscopat – même s’il y a un certain… poids –, et il n’est même plus le président de la Conférence épiscopale américaine. Il n’est pas « tellement conservateur qu’on le dit proche du Tea Party ». C’est stupide et peu journalistique. Je ne suis vraiment pas sûr que, par exemple, sur la question de l’immigration le cardinal Dolan ait une position similaire à certains courants du Tea Party… En outre, le qualificatif de « conservateur » n’est absolument pas celui qu’on peut utiliser à bon escient pour “étiqueter” le prélat et bien d’autres de ses confrères dans l’épiscopat. On pourrait, peut-être, les nommer “orthodoxes” en ce sens qu’ils défendent bec et ongle la doctrine pérenne de l’Église en matière de mœurs et de morale, et n’hésitent pas à la rappeler à temps et à contretemps à la société civile, à la classe politique et au gouvernement de Barack Obama. Cela étant dit, l’article de La Libre Belgique mérite d’être lu car il met le doigt sur quelques anomalies que révèle la nomination par le pape François, le 14 juin, de trois évêques auxiliaires pour l’archevêché de New York. Évidemment, le cardinal archevêque loue ces nominations « de pasteurs chevronnés » – notez ce mot : « chevronnés » (moyenne d’âge 66,5 ans : ce ne sont pas des “perdreaux de l’année” : l’archevêque n’est âgé lui que de 64 ans…). Ce qu’il en pense, est une autre affaire. Les cardinaux électeurs étatsuniens pourraient bien se poser quelques questions sur leur choix au dernier conclave. Mais là, je conjecture…
« Surprise : le Pape a désigné personnellement trois évêques auxiliaires à New York contrairement à l’usage qui veut que l’archevêque propose et reçoive les auxiliaires de son choix… Timothy Dolan, le “patron” de l’Église new-yorkaise, n’a pas eu son mot à dire. Le Pape a ainsi nommé John J. Jenik, né en 1944 à New York. Un prêtre actif dans le Bronx dont il a été le vicaire épiscopal mais pas grand-chose d’autre à signaler à son sujet. L’abbé Peter J. Byrne, le deuxième, était jusqu’ici curé de paroisse à Manhattan après avoir exercé son ministère dans le Bronx. Il est certes multi diplômé mais n’a guère marqué la vie chrétienne. Enfin, l’abbé John J. O’Hara, quasi septuagénaire comme le premier nommé, n’était jusqu’ici que le directeur du Strategic Parish Planning du diocèse. RAS ? Ce licencié en anglais a été curé de paroisse. Deux d’entre eux sont donc à la veille de la retraite. Et ils ont été formés non pas à Rome mais dans les instituts et universités locaux. Pourquoi ces choix-là ? On pourrait les situer proches du profil de “bons évêques”, selon Jorge Mario Bergoglio. Le 27 février dernier, le Pape a rappelé que “l’évêque ne doit pas être un manager ou partir en croisade pour mener les batailles de l’Eglise, mais un semeur humble et patient”. Participant de manière inattendue à la réunion du dicastère, François avait demandé “que les évêques garantissent aux fidèles la stabilité, dans un monde où les personnes font l’expérience de nombreuses ruptures”. Mais cette analyse n’est pas confortée : les choix de François n’ont pas une once d’audace et apparaissent contre-productifs. Dans un archidiocèse où la moitié des fidèles sont hispaniques, les nouveaux “mitrés” sont irlandais ! Dès lors ? Le Pape a surtout voulu montrer un certain ras-le-bol à l’égard de l’épiscopat US, nommé sous ses deux prédécesseurs, tellement conservateur qu’on le dit proche du Tea Party. Et dont le chef de file, Timothy Dolan, n’a pas marqué de points en contestant récemment les analyses socio-économiques de l’évêque de Rome. Son défi d’une Église collégiale et synodale n’est pas gagné ».
je présume que dans la tête de l’auteur, conservateur désigne ce qui en 1968 désignait ce qui était tenu pour vrai jusqu’en en 1967… sauf que ce qui semblait moderne en 1968 est aujourd’hui un peu daté. En clair, il ignore qu’il n’est qu’un vieux croûton de 65 ans qui ressasse des âneries vielles de 45 ans !
Encore dix ans de patience, il prendra sa retraite et on pourra respirer.