1. Plus la fonction est élevée, plus c’est facile. Députés et sénateurs, par exemple, on vu à plusieurs reprises ces questions se poser à eux et ont donc déjà pris position par rapport à elles. Il en va de même pour l’échelon régional.
Dans les deux cas, pour connaître la position d’un candidat il suffit de lire les journaux ou les articles de magazines, de chercher sur Internet ou d’étudier les biographies ou les “professions de foi” des candidats qui sont distribuées en période électorale.
2. Il est souvent plus difficile de connaître les positions de candidats aux fonctions municipales parce que peu d’entre eux ont l’occasion d’examiner la législation relative à l’avortement, au clonage ou au caractère sacré du mariage. Mais ces candidats étant proches, on peut souvent les contacter directement ou par leurs permanences de campagne qui peuvent expliciter leurs positions.
3. Si vous ne pouvez déterminer les positions d’un candidat par d’autres moyens, n’hésitez pas à lui écrire pour lui demander ses positions sur les cinq points.
6. Ce qu’il ne faut pas faire quand on vote
1. Ne votez pas uniquement en raison de votre affiliation à un parti politique, de vos votes précédents ou du vote traditionnel de votre famille. Autrefois, c’était peut-être des moyens sûrs de déterminer pour qui voter, mais aujourd’hui ce sont des moyens peu fiables. Vous devez examiner les positions prises par chaque candidat. Ce qui revient à dire que vous pourrez en arriver à voter pour des candidats appartenant à différents partis.
2. Ne fondez pas votre choix sur l’apparence ou la personnalité des candidats ni sur leurs talents médiatiques. Certains candidats, charmeurs, séduisants et beaux parleurs approuvent des choses intrinsèquement mauvaises, tandis que d’autres peuvent avoir l’air fade, inintéressant et être mal à l’aise devant les caméras tout en soutenant une législation conforme aux principes chrétiens essentiels.
3. Ne votez pas pour des candidats au seul motif qu’ils se déclarents catholiques. Malheureusement, beaucoup de candidats se disent tels mais rejettent en fait les enseignements catholiques fondamentaux.
4. Ne déterminez pas votre choix parmi les candidats en fonction d’un « Qu’est-ce que cela va me rapporter ? ». Décidez-vous pour les candidats qui semblent les plus susceptibles de promouvoir le bien commun, même si vous ne devez profiter ni directement ni immédiatement de la législation qu’ils proposent.
5. Ne votez pas pour des candidats qui sont dans le vrai sur des questions secondaires mais qui votent dans le mauvais sens sur des points clefs de la morale. Cela a été souligné par le pape Jean-Paul II pour ce qui est des questions relatives à la vie : « Il est juste, assurément, de parler des droits de l’homme – comme, par exemple, le droit à la santé, au logement, au travail, à la famille, à la culture – mais c’est propager l’erreur et l’illusion que d’en parler, comme on le fait souvent, sans défendre avec la plus grande vigueur le droit à la vie, comme droit premier, origine et condition de tous les autres droits de la personne » (Christifideles Laici n. 38). Il peut arriver qu’un candidat ait des antécédents de vote conformes aux valeurs catholiques, sauf, par exemple, sur l’euthanasie. Dans un tel cas il est clair qu’un électeur catholique ne doit pas voter pour lui à moins que tous les autres candidats n’aient des antécédents de vote encore moins en accord avec les normes morales en question.
7. Comment voter
1. Pour chaque fonction ou mandat, déterminez d’abord chaque candidat ayant une chance – même si elle est peu probable – de l’emporter, se positionne sur chacune des questions dont il aura à s’occuper et qui impliquent des principes moraux non négociables.
2. Classez les candidats d’après la manière dont leurs positions seront ou non conformes à ces principes moraux non négociables.
3. Donnez la préférence aux candidats dont aucune des positions ne contredit ces principes.
4. Dans le cas où tous les candidats approuvent des positions contraires aux principes non négociables, choisissez le candidat susceptible d’occasionner le moindre mal. Si plusieurs candidats sont au même niveau, départagez-les d’après leurs avis sur d’autres points de moindre importance.
8. Et si aucun candidat n’est “acceptable” ?
Dans certaines compétitions politiques, il arrive que chaque candidat adopte, sur une ou plusieurs questions impliquant des principes moraux non négociables, une position fausse. Dans ce cas, vous pouvez voter pour le candidat qui en adopte le moins ou qui semble le moins susceptible de faire avancer une législation immorale. Vous pouvez aussi choisir de ne voter pour aucun d’entre eux.
Un suffrage donné dans une telle situation n’a pas moralement le même sens qu’un suffrage accordé à des candidats, des lois ou des programmes faisant la promotion de choses intrinsèquement mauvaises : il s’agit là plutôt de tolérer un moindre mal et tout acte qui limite le mal est un bien. Comme l’indique le pape Jean-Paul II, dans une situation où il n’est pas possible d’invalider ou de renverser complètement une loi autorisant l’avortement, « un parlementaire dont l’opposition personnelle absolue à l’avortement serait manifeste et connue de tous, pourrait licitement apporter son soutien à des propositions destinées à limiter les préjudices d’une telle loi et à en diminuer ainsi les effets négatifs sur le plan de la culture et de la moralité publique » (EV n. 73 ; voir aussi CVP n. 4).
Les catholiques doivent s’évertuer à mettre en place des candidats, des lois et des programmes politiques qui soient pleinement en accord avec les valeurs morales non négociables. Si le candidat, la loi ou le programme parfaits ne sont pas disponibles, il faut choisir la meilleure option, celle qui promeut le plus grand bien et entraîne le moindre mal. Ne pas voter peut parfois être la seule façon morale d’agir, mais on devra s’interroger de savoir si s’abstenir en ce cas précis contribuera à promouvoir le bien et à limiter le mal. Les citoyens et les élus ont pour rôle de promouvoir les valeurs morales intrinsèques autant que faire se peut, tout en continuant à œuvrer en vue d’avoir des candidats, des lois et des programmes meilleurs dans le futur.
9. Le rôle de votre conscience
La conscience est comme un signal d’alarme. Elle vous avertit lorsque vous êtes sur le point de poser un acte dont vous savez qu’il est mauvais. Elle ne détermine pas elle-même ce qui est bien ou mal. Pour que votre conscience fonctionne bien, il faut qu’elle soit correctement inform&e
acute;e : c’est-à-dire que vous devez vous informer vous-même de ce qui est bien et de ce qui est mal. Ce n’est qu’ainsi que votre conscience peut être un guide fiable.
Malheureusement, de nombreux catholiques, de nos jours, ne se forment pas convenablement sur les points clef de la morale. Du coup, leurs consciences ne récriminent pas quand il le faudrait, notamment au moment des élections.
Une conscience bien formée ne peut jamais contredire la doctrine morale catholique. C’est pourquoi, si vous n’êtes pas sûr de ce que votre conscience vous dicte quand vous vous rendez aux urnes, mettez votre confiance dans l’enseignement inébranlable de l’Église sur la morale (Le Catéchisme de l’Église catholique est une excellente source d’enseignement moral authentique).
Abréviations :
CVP : Congrégation pour la doctrine de la Foi, Note doctrinale à propos des questions sur l’engagement et de comportement des catholiques dans la vie politique, 2002 : http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20021124_politica_fr.html
CEC : Catéchisme de l’Église catholique.
CDF : Conseil pontifical pour la Famille, Charte des droits de la famille.
RVH : Congrégation pour la doctrine de la Foi, Instruction sur le respect de la vie humaine naissante et la dignité de la procréation. Réponse à quelques questions d’actualité, 1987.
UPH : Congrégation pour la doctrine de la Foi, Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles, 2003 : http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20030731_homosexual