Si le nombre d’allégations d’abus sexuels sur des mineurs par des prêtres est en diminution (714* en 2006 contre 783* en 2005 et 1 092* en 2004), les sommes consacrées par les diocèses au programme de protection des enfants et des jeunes s’accroissent : 25,6 millions de $ en 2006 contre 19,2 en 2005. En augmentation, également, les montants réglés pour les différentes thérapies destinées aux victimes (10,6 millions de $ en 2006, contre 8,4 en 2005 et 7,4 en 2004) et aux prêtres délinquants sexuels (32,3 millions de $ en 2006, contre 13,7 en 2005 et 1,9 en 2004). Les frais d’avocats ne cessent, eux aussi, de grimper : 75,1 millions de $ en 2006 contre 41,2 en 2005).
L’étude de 120 pages publiée en 2004 par le John Jay College of Criminal Justice (JJCCJ) sous le titre The Nature and Scope of the Problem of Sexual Abuse of Minors by Catholic Priests and Deacons in the United States (http://www.usccb.org/nrb/johnjaystudy/index.htm), à la demande de l’USCCB, offrait une estimation très sérieuse de l’ampleur du problème.
Cette étude signalait 4 392 prêtres soupçonnés de sévices sexuels sur des mineurs pour la période allant de 1950 à 2002 (c’est en janvier de cette année-là que le scandale éclatait dans les médias) et 10 667 plaintes de victimes. Ces nombres semblent évidemment considérables, et ils le sont. Toutefois, pour ce qui est de celui des prêtres impliqués il convient de le rapporter au nombre de prêtres en ministère pendant cette période de 52 ans, pour en évaluer le pourcentage.
Les chiffres varient selon qu’ils proviennent des diocèses eux-mêmes (109 694 prêtres en exercice de 1950 à 2002) ou du CARA (94 607 prêtres). Le pourcentage de prêtres supposés délinquants représente donc entre 4 et 4,3 % du nombre total de prêtres en ministère.
Sur les 4 392 prêtres suspectés, seuls 1 021 ont fait l’objet d’une plainte à la police (environ le quart du recensement JJCCJ). La plupart de ces plaintes ont donné lieu à une instruction judiciaire et des poursuites contre 384 prêtres. 252 ont été condamnés (6 % du rencensement JJCCJ) dont une centaine à une peine d’emprisonnement (2 % du rencensement JJCCJ).
Ce rapport, portant sur l’année 2006, confirme les tendances déjà soulignées par de nombreuses autres études antérieures à savoir : 1°) 80 des victimes de sévices sexuels sont de sexe masculin ; 2°) les cas de pédophilie proprement dite sont minoritaires : le plus grand nombre de cas s’appliquent à des jeunes pré-adolescents ou adolescents (de 13 à 17 ans). Il s’agit donc bien d’un problème d’homosexualité dans le clergé américain (et qui ne se limite pas aux prêtres, aux religieux ou aux diacres : des évêques y ont été ou y sont encore impliqués, mais ils se sont exclus de l’étude…). On comprend mieux pourquoi les organes médiatiques du lobby homosexuel présentent cette tragégie de l’Église américaine comme celle des « prêtres pédophiles »…
Commentant ce rapport, Mgr Gregory Aymond, évêque d’Austin (Texas), et président du comité épiscopal pour la protection des enfants et des jeunes de l’USCCB, estime nécessaire de lancer une nouvelle étude sur les causes des sévices sexuels perpétrés par des prêtres et leur contexte, afin de comprendre pourquoi ces crimes ont connu un “pic” entre 1960 et 1984 (71 % des cas allégués), mais n’espère pas que cette étude sera achevée avant 2010. Je pourrais respectueusement lui suggérer de se procurer un exemplaire d’After Ascetism : Sex, Prayer and Deviant Priests, qui a paru l’an passé dans l’indifférence épiscopale et qui donne la clef de l’énigme (http://www.authorhouse.com/BookStore/ItemDetail.aspx?bookid=35913)… J’y reviendrai dans un prochain article.
* Il est important de noter que ces chiffres de 714, 783 et 1 092 représentent des faits allégués d’abus sexuels qui remontent à dix, vingt ou trente ans, voire plus, et non pas de l’année considérée. Bien des prêtres impliqués sont morts ou se sont évanouis dans la nature et une tendance se fait jour chez les législateurs américains des différents États, de modifier sensiblement les délais de prescription pour ces crimes et délits, jusqu’à les rendre quasiment imprescriptibles. Dans la panique épiscopale qui a suivi la révélation publique de ces turpitudes, des évêques ont accepté de payer discrètement des indemnités à des plaignants victimes – réelles ou supposées – de faits remontant jusqu’à cinquante ans ! Il n’est pas injuste de constater que les évêques ont eux-mêmes enclanché la “pompe aspirante” et qu’elle n’est pas prête d’arrêter sa succion dans les finances diocésaines, c’est-à-dire dans les poches des simples fidèles qui, génération après génération, constituèrent la richesse des diocèses…