La Commission des Episcopats de la Communauté européenne (COMECE) a publié une déclaration relative aux prochaines élections européennes. Ces évêques, issus de la communauté européenne, dont Mgr Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg, est représentant des évêques de France, évoquent des critères de vote dont celui du respect de la dignité de la personne humaine, de la conception à la mort naturelle, mais aussi le principe de subsidiarité, mis à mal de plus en plus par une commission supranationale qui s’impose à la liberté des Etats membres. A noter aussi une demande en faveur de la liberté religieuse, alors que la religion catholique est de plus en plus discriminée. Voici cette déclaration :
La perspective de ces élections offre la possibilité à l’ensemble de la société européenne de débattre de questions socio-économiques centrales qui marqueront l’Union européenne dans les années qui viennent.
En tant qu’évêques de la COMECE, nous estimons qu’il est de notre devoir de proposer des orientations à l’électeur/électrice européen(ne) pour qu’il/elle forme sa conscience. Pour ce faire, nous souhaitons attirer leur attention sur des questions importantes en les examinant à la lumière de la pensée sociale de l’Eglise.
Bien que nous nous adressions en première instance aux citoyens de confession catholique, nous espérons que notre conseil/avis recevra également un accueil favorable auprès des hommes et femmes de bonne volonté qui se soucient du succès du projet européen. Nous espérons que notre voix sera également entendue par les candidats aux élections au Parlement européen.
Pour commencer, nous souhaiterions attirer l’attention sur quelques considérations d’ordre général :
1. Voter est un droit et un devoir pour chaque citoyen de l’UE. Plusieurs millions de jeunes citoyens voteront pour la première fois. Parmi eux, certains sont encore en formation, d’autres sont déjà sur le marché du travail, et beaucoup, hélas, sont sans emploi. Nous encourageons nos jeunes à faire entendre leur voix en s’impliquant dans le débat politique et surtout en votant.
2. Il est important que les candidats et les députés qui se représentent pour un mandat au Parlement européen soient conscients des dommages collatéraux causés par la crise économique et bancaire qui a débuté en 2008. Le Pape François a attiré l’attention de l’opinion publique sur la détresse de ceux qui étaient déjà pauvres et vulnérables – les jeunes et les handicapés – sans oublier ceux qui ont été jetés dans la pauvreté par la crise actuelle. Le nombre de « nouveaux pauvres » est en train de croître de manière alarmante.
3. Le message chrétien est un message d’espoir. Nous croyons que le projet européen est inspiré par une vision noble de l’homme. Chaque citoyen, chaque communauté et même chaque Etat-nation doit être capable de mettre de côté ses intérêts particuliers en vue de la poursuite du Bien commun. L’exhortation apostolique Ecclesia in Europa publiée par le Pape Jean Paul II en 2003 était un message d’espoir et c’est avec la même foi solide dans un avenir meilleur que l’Eglise aborde les défis européens actuels.
4. La Tempérance est l’une des vertus naturelles au cœur de la spiritualité chrétienne. Une culture de retenue doit guider l’Economie sociale de marché et les politiques de l’environnement. Nous devons apprendre à vivre avec moins et, par là même, veiller à ce que les personnes qui vivent dans la vraie pauvreté obtiennent une meilleure part.
Nous aimerions également attirer l’attention de nos concitoyens sur certains domaines spécifiques des politiques de l’UE :
1. Il faut veiller à ce que les démarches de plus en plus nombreuses visant à l’unité au sein de l’UE ne sacrifient pas le principe de subsidiarité, qui est le pilier de cette famille d’Etats nations unique au monde que représente l’UE ; ni ne compromettent les traditions bien établies qui prévalent dans tant d’Etats membres.
2. Un autre pilier de l’Union européenne, qui est également un principe de la doctrine sociale de l’Eglise, est celui de la Solidarité. Ce principe devrait guider les politiques menées à tous les niveaux de l’UE, entre nations, régions et groupes de population. Il nous faut construire un monde nouveau, qui soit centré sur la solidarité.
3. Il est fondamental de rappeler qu’à la base de toute politique sociale et économique se trouve une vision de l’homme enracinée dans un profond respect de la dignité humaine. La vie humaine doit être protégée de la conception à la mort naturelle. La famille, qui est la composante de base de la société, doit bénéficier de la même protection.
4. L’Europe est un continent en mouvement et la migration – qu’elle soit interne ou venant de l’extérieur de l’Europe – a un impact sur la vie des personnes et de la société. L’UE a une frontière extérieure commune. La responsabilité de l’accueil et de l’intégration des migrants et demandeurs d’asile doit être partagée proportionnellement entre les États membres. Il est crucial de traiter avec humanité les migrants à leur arrivée et que leurs droits humains soient scrupuleusement respectés, et que par conséquent, tous, y compris les Eglises, s’efforcent de garantir une intégration réussie dans les sociétés d’accueil sur le territoire de l’Union.
5. Nous sommes les gardiens de la création et nous devons accroître notre détermination à respecter et atteindre les objectifs d’émissions de CO2, à promouvoir une conception globale des changements climatiques, à adopter une approche plus écologique et nous devons exiger que la durabilité devienne un élément fondamental de toute politique de croissance ou de développement.
6. La liberté religieuse est un élément fondamental d’une société tolérante et ouverte. Cette liberté comprend la liberté de manifester sa foi en public. Nous nous réjouissons de l’adoption de Lignes directrices de l’Union sur la promotion et la protection de la liberté de religion ou de conviction et nous espérons que le Parlement européen qui sortira des urnes intensifiera ses efforts en la matière.
7. Nous soutenons toutes les mesures qui peuvent être prises pour protéger un jour de repos commun hebdomadaire, qui est le dimanche.
8. Dans les cinq prochaines années, le changement démographique aura un impact encore plus profond sur l’UE. Nous plaidons en faveur de nos concitoyens âgés, afin qu’ils aient accès au niveau et à la qualité de soins auxquels ils ont droit, et nous plaidons aussi pour la mise en place de politiques qui créent de nouvelles opportunités pour la jeune génération.
L’Union européenne est à un tournant. La crise économique déclenchée par la faillite bancaire de 2008, a tendu les relations entre les Etats membres. Elle a mis à rude épreuve le principe fondateur de Solidarité au sein de l’Union. Elle a aussi entrainé dans son sillage une vague de pauvreté qui a frappé un grand nombre de nos concitoyens et a brisé les espoirs de beaucoup de jeunes.
Nous, les évêques catholiques, plaidons pour que le projet européen ne soit pas mis en danger ni abandonné sous la pression des contraintes actuelles. Il est impératif que nous tous – hommes et femmes politiques, candidats, parties prenantes – nous contribuions à forger de façon constructive le futur de l’Europe. Nous avons trop à perdre si le projet européen venait à se disloquer.
Enfin, il est essentiel que nous tous, qui sommes des citoyens européens, nous nous rendions aux urnes le 22-25 mai prochains. Nous, les évêques, nous vous enjoignons à voter suivant votre conscience préalablement bien formée.”
Deux questions à la lecture de cette déclaration :
– l’objectif d’une “société ouverte et tolérante” est-il un objectif que recommande la magistère ?
– n’existe-t-il pas une autre alternative à l’Union européenne dont on sait DEPUIS LONGTEMPS que cette organisation supranationale, non seulement méprise les nations mais surtout n’a plus pour référence, en fait et en droit les VALEURS CHRETIENNES ?
Il me semble que la COMECE ait soigneusement évité d’y répondre.
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P. S. : pourriez-vous publier les commentaires rédigés par les lecteurs de votre site lorsqu’il s’agit de traiter de questions internationales (ONU, Conseil de l’Europe, Union européenne…..) ? Ces questions font aussi partie du débat que vous ouvrez pour les autres rubriques.
Merci pour nous.
Au secours ! ça recommence ! Déjà, au moment des élections présidentielles en France, la Conférence des évêques de France avait diffusé un document en date du 3 octobre 201, intitulé « Elections, un vote pour quelle société ». Or ce document, en proposant 13 critères de discernement sans aucune hiérarchie établie au profit des 3 points non négociables, contredisait de fait la priorité demandée par le pape Benoît XVI sur les 3 points en cause. Aujourd’hui, la Comece fait exactement la même chose. Noyées au milieu de 12 points, parmi lesquels des concepts fumeux sur « une culture de retenue » (le point 4 des considérations d’ordre général), les questions de la vie et de la famille (point 3 des considérations des domaines spécifiques) sont abordées de façon complètement vague, qui ont recours à des concepts fourre-tout de « dignité humaine » (qui peut recouvrir, on le sait parfaitement, des visions radicalement opposées) et de « protection » de la famille (mais de laquelle parle-t-on ?). De nouveau la priorité des points non négociables, les seuls en fait sur lesquels l’Évangile a un apport spécifique et par conséquent les seuls sur lesquels l’Église a titre à prendre position sur le scène politique, est gommée c’est-à-dire contredite.
Rappel : principe de subsidiarité = “ce qui se fait et se décide doit l’être au niveau de compétence et de moyen d’application le plus bas possible” c’est à dire “un niveau élevé de gouvernement ne doit pas s’occuper de ce qui est fort bien fait par un niveau inférieur”. (C’est donc le contraire de ce qu’on pourrait penser avec les technocrates de l’Europe qui semble “d’en haut” se substituer aux nations dans les plus petits détails de leur vie et de celles de leurs citoyens, et ne demander aux parlements nationaux que d’entériner dans leur langue nationale les lois décidées par Bruxelles, sous menace de sanction financière).
L’uniformisation des moeurs et morales en Europe, voulue par les lobbies de la pensée unique, viole donc le principe de subsidiarité, même en faisant passer des histoires de sexe pour de la “santé”.
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Ceci dit, la com. des évêques expurge toute notion éthique et se concentre sur le rêve théorique d’une Europe économique qui serait la panacée pour éviter les guerres des siècles passés. Comme si une monnaie unique et une BCE permettait le bonheur des peuples et remplissait tout le champ conceptuel du “Bien Commun”. Depuis 50 ans que l’Europe est en construction (“le charbon et l’acier” : il n’y a plus que le charbon, en Allemagne et Pologne, et ça pollue jusqu’à Paris) et depuis 20 ans que les traités et l’agglomération vers l’Est vont bon train (à l’échec près de l’Ukraine), ils reconnaissent que c’est un échec économique puisque le nombre des pauvres est en forte croissance et que les jeunes sont laissés sur le bas côté. L’Est est toujours le réservoir de main d’oeuvre pas chère des capitalistes. La guerre au sein de l’Europe continue par le biais des TVA, des taux d’imposition, des conditions sociales du travail et de la condition de salarié, des salaires et niveaux de vie, de l’irresponsabilité sociale des syndicats, des administrateurs et détenteurs des capitaux, des gouvernants, de l’incompatibilité de l’euro-mark avec les pays non industriels; Et il y a des victimes civiles par millions. Les anglais, suédois etc. se gardent bien d’entrer totalement dans l’Europe.
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Ce qui serait un effort louable de la part de la COMECE serait de comparer point à point les articles de la Doctrine sociale de l’Eglise avec les politiques menées et de former les consciences là dessus.
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Tout ce que je retiens de ce texte c’est sa chute finale : “Nous, les évêques catholiques, plaidons pour que le projet européen ne soit pas mis en danger ni abandonné sous la pression des contraintes actuelles. Il est impératif que nous tous – hommes et femmes politiques, candidats, parties prenantes – nous contribuions à forger de façon constructive le futur de l’Europe. Nous avons trop à perdre si le projet européen venait à se disloquer.”
C’est à la foi vrai et faux : vrai si on pense que la coopération entre les peuples est préférable, faux si l’on pense qu’en poussant encore plus cette Europe monétaire et de guerre concurrentielle on va se sauver de la “dislocation”.
C’est beau mais c’est lénifiant. Ce texte marque le manque de courage de nos évêques (à part quelques uns, heureusement) face à une Europe nettement christianophobe. Dans le monde qu’on nous impose, l’Eglise ne peut être qu’en position de résistance. Les voeux pieux, on sait bien qu’ils ne servent à rien.
qu’il est long et indigeste ce texte des évêques! Je n’en ai pas retenu grand chose. C’est exprimé d’une façon tellement alambiquée!
Comme il arrive dans la plupart des cas semblables, l’Eglise, et notamment “L’Eglise qui est en France”, se mélange un peu les crayons.
Il faut d’abord faire la part de sa mission, la proclamation de l’Évangile auprès de tous. C’est l’objet des 4 premiers paragraphes.
Ensuite, les commentaires sur “les domaines spécifiques des politiques de l’Union Européenne”.
Dans une perspective chrétienne de la liberté de la personne, les évêques ont raison de pointer le dévoiement du principe de subsidiarité que l’Organisation de Bruxelles a retourné à son profit. Raison aussi d’insister sur la promotion de la dignité humaine, du respect de la vie de la conception à la mort, et de la liberté religieuse.
Au-delà, les évêques s’aventurent sur des terrains qu’ils connaissent mal, et dans des détails subalternes (le CO²). L’essentiel est de constater que, depuis 1974 qu’elle a été créée, et 1998 qu’elle a institué une monnaie unique, l’UE, en menant par une politique impérialiste et en imposant des décisions économiques inconséquentes, a désavoué dans les faits tous ses objectifs proclamés :
– la paix, déjà acquise depuis 1945, a fait place à la guerre en ex-Yougoslavie, aux interventions militaires injustifiées dans le Golfe, en Irak, en Libye (on a échappé de peu à la Syrie), sans parler des tentatives en Ukraine. Outre la guerre militaire, il faut souligner les tensions internes de plus en plus fortes entre pays de l’Union, et notamment contre l’Allemagne, toutes choses qui n’existaient plus depuis 70 ans
– le développement économique s’est mué en décadence, le chômage a été multiplié par 6 depuis 1973, la désindustrialisation se poursuit, garante d’une catastrophe sociale, et l’appauvrissement général s’accroît, comme le démontre la baisse du revenu médian. Là, l’Eglise pourrait parler : cette politique est très favorable à un nombre restreint de très riches, et défavorable aux population. Mais elle ne le voit pas.
– plus grave, la démocratie, reflet public de la liberté des individus, disparaît et va jusqu’au mépris des peuples dont les référendums sont ignorés. C’est ainsi notamment qu’une immigration musulmane incontrôlée, qui porte en elle la disparition à terme de la démocratie et celle de l’Eglise, est imposée par l’UE contre la volonté des peuples. Là encore, silence de l’Eglise, qui dit seulement merci.
– plus grave encore, il apparaît de plus en plus certain que l’Organisation de Bruxelles est un jouet politique aux ordres des Etats-Unis, prenant des décisions dans leur intérêt et non dans l’intérêt des membres de l’Union.
Cela établit de façon certaine que ladite “Union Européenne” est un facteur de troubles (on le voit par les manifestations récurrentes en Grèce, en Espagne, en Italie et au Portugal, qui parfois tournent à l’émeute), de mépris des peuples et des individus, et d’appauvrissement constant, que le fonctionnement de l’euro ne fait qu’augmenter.
Ne rêvons pas, l’UE n’est pas modifiable : d’une part, chaque mot des traités ne peut être modifié qu’à l’unanimité des 27 membres, et il y en a des dizaines de pages; et, l’objectif étant la création d’un Etat politique supra-national, sans contrôle et non élu, toute modification de détail restera sans effet.
Il faut simplement sortir de ce “machin” et laisser les autres se débrouiller : ils feront rapidement comme nous.
A ce moment-là, on pourra recommencer à agir dans le respect des valeurs chrétiennes et de la démocratie.
Le devoir des catholiques, face aux enjeux du monde et selon l’appel qui leur est lancé par le Christ Rédempteur, est de s’appliquer consciencieusement à NE PAS suivre les recommandations des évêques.
Toujours pas le courage de désigner le véritable adversaire, le socialisme anticatholique d’essence ainsi que l’islam qui décime les chrétiens dans tous les pays de majorité musulmane,.Respect humain, peur de déplaire,tiédeur, manque de foi , quand nos évèques seront-ils apotres??