La saison est à la publication d’ouvrages sur le pontificat du pape François. Différents livres sont sortis à l’occasion. Nous n’entrons pas dans le détail de ces différents ouvrages dont la qualité est fortement inégale. Une recension d’une maison d’édition publiant un ouvrage consacré au pape François a attiré notre attention. En effet, le commentaire de l’un de ses ouvrages ose affirmer que « François ne craint pas de bousculer plusieurs siècles de monarchie absolue (sic) ». Vraiment ? Si l’on comprend bien, la “monarchie” absolue, c’est non seulement Benoît XVI, mais aussi Saint Jean-Paul II ou Paul VI ? Bref, les récents prédécesseurs de Benoit XVI, pourtant crédités de l’auréole conciliaire… Parler de “monarchie absolue”, ce n’est pas seulement délicat ou injurieux: c’est profondément inexact. Quid alors des consultations effectuées par le bienheureux Pie IX et le vénérable Pie XII avant les proclamations respectives des dogmes de l’Immaculée conception et de l’Assomption ? Quid aussi de ce gallicanisme que les papes combattirent jusqu’au 19ème siècle, et même récemment (ce mal vivace que certains secteurs ecclésiaux semblent ménager…). Quid, enfin, de cette crise contemporaine que tous les papes, depuis Paul VI, ont eu du mal à endiguer ? Ce ne sont certainement pas les récents déchirements et les problèmes dans l’Eglise, toujours non résolus, qui le démentiront.
Désolé, vous vous méprenez sur le terme de “monarchie absolue”: elle est une monarchie “qui ne peut pas être dissoute”. , ce qui est bien le cas de la papauté.
Aveuglés par la vulgate républicaine, vous confondez absolu, absolutisme et totalitarisme.
cordialement,
Saint Georges
Je note votre remarque et vous en remercie ! Je “milite” clairement pour que des analogies indues ne soient pas commises entre les institutions ecclésiales et les institutions profanes, fussent-elles vénérables et injustement caricaturées. L’Eglise est guidée par des principes comme la grâce ou la Vie éternelle. Les actes qu’elle accomplit n’ont donc pas la même nature que ceux d’une institution profane. L’utilisation malveillante du terme “monarchie absolue” par tel commentateur d’un organe de presse dit catholique laissait entendre que l’Eglise romaine était une sorte de système autocentré et dictatorial. En l’espèce, il semblait dangereux de laisser croire que le Bienheureux Pie IX ou que le vénérable Pie XII agissait comme des chefs solitaires dans les questions doctrinales.
Bien cordialement.
JMV
Si l’on se donne la peine de lire les encycliques, exhortations, lettres, .. des prédécesseurs de sa sainteté François (elles sont toutes disponibles en ligne sur le site du Vatican), on s’aperçoit combien les papes avant d’écrire quoi que ce soit consultent les cardinaux et évêques, les congrégation, les experts en tout genre.
Combien la place laissée à l’Esprit Saint est grande.
On est loin d’une monarchie absolue.
Bien entendu, l’Eglise catholique est une ”monarchie absolue”! Encore faut-il s’entendre sur le terme.
Les historiens, en particulier les historiens du droit, ont montré que monarchie ”absolue” signifiait monarchie ”sans liens” mais non pas ”sans limites”. Le Pape est effectivement un monarque ”absolu”, en ce sens qu’une fois élu, il ne représente pas ses électeurs (les Cardinaux) et ne répond pas de ses actes devant eux.Cela ne lui interdit évidemment pas de prendre des conseils auprès ,d’abord des Cardinaux (c’est une de leurs fonctions essentielles), mais aussi des évêques du monde entier, etc. Louis XIV gouvernait ”en grand conseil”!…..
Juridiquement, le Pape possède “la plénitude des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire” aussi bien comme Souverain Pontife de l’Eglise Universelle, que comme Souverain de l’Etat de la Cité du Vatican.
Il est donc clair que l’Eglise , au sens politico-juridique des termes, n’est pas une démocratie(parlementaire), mais bien une monarchie absolue. Mais pouvoir absolu, c’est-à-dire “indépendant”, ne veut pas dire ‘solitaire’…..
Gérard Frémiot, docteur en sciences politiques.