Nailah Winkfield n’est pas seulement sa maman, une maman blessée au cœur par les souffrances de sa fille, c’est une maman chrétienne, très croyante. Qui respecte la vie et qui veut voir la vie de sa fille Jahi, 13 ans, respectée jusqu’au bout – tout en priant pour qu’elle guérisse. Elle a obtenu dimanche dernier le transfert de sa fille, que l’hôpital pour enfants d’Oakland, Californie, refusait de soigner, vers un établissement médical catholique qui a accepté enfin de ne pas débrancher son ventilateur, de la nourrir et de lui donner les antibiotiques et les soins dont elle a besoin.
A l’heure qu’il est, rien ne dit que Jahi vivra. Il n’y a peut-être rien à faire : l’état de l’adolescente ne peut que se détériorer, répètent des experts dans la presse américaine. Mais là n’est pas la question. Il ne s’agit pas de nier la mort qui surviendra peut-être, ni de maintenir artificiellement en vie un corps qui serait déjà décédé, mais de reconnaître que le corps de Jahi « fonctionne » comme une unité vivante, son cœur bat, son sang circule, lorsqu’on la nourrit et qu’on l’hydrate, son état s’améliore.
Existe-t-il une obligation morale absolue de continuer de ventiler un patient dans un tel état ? C’est-à-dire : de retirer un moyen mécanique externe qui soutient la vie existante avec la quasi certitude que le patient en mourra ? Sans doute non. C’est dans la situation concrète qu’une telle décision se prend, au terme d’un discernement qui ne peut évacuer les questions morales ni la volonté des proches.
Mais dans l’affaire de Jahi, la question est posée à l’envers. Existe-t-il une obligation absolue de cesser de ventiler et de soigner un patient sous prétexte qu’il a été décrété en état de mort cérébrale (notion fluctuante et qui fait l’objet d’une multitude de définitions juridiques divergentes) ? C’est ainsi que la posent les autorités médicales de Californie, et elles répondent oui. Le problème fondamental de cette approche est bien qu’elle considère comme déjà mort un corps encore vivant.
Un problème qui se manifeste dans les cas, certes rares mais pas inédits, où des patients en « mort cérébrale » se réveillent – parfois au moment où leurs organes vont être prélevés en vue d’une transplantation. L’approche aboutit aussi à décréter purement « réflexe » toute réaction constatée par les proches sur leur malade lorsqu’ils lui parlent ou le touchent.
Dans le cas de Jahi, tout commence le 9 décembre avec une banale opération des amygdales et des végétations nécessaire pour en finir avec ses apnées du sommeil. La jeune adolescente se réveille normalement – elle qui avait si peur avant l’opération de rester pour toujours endormie – et réclame une glace. Elle a mal. Et elle commence à saigner. Les soignants demandent à Nailah de recueillir le sang qui coule de sa bouche. Le récipient qu’ils lui ont donné n’y suffit pas : de gros caillots remontent, Nailah appelle au secours. On lui tend un récipient plus grand…
Ce n’est que lorsque Jahi, à force de perdre du sang, subit un arrêt cardiaque, que les médecins se dérangent enfin. Massage cardiaque, soins intensifs : le cœur de Jahi recommence à battre. Mais le 12 décembre, la jeune fille est prononcée en état de mort cérébrale : on explique à sa mère que son cerveau est définitivement sans activité. Tous les soins, la nourriture sont à partir de ce moment-là coupés. Jahi a toujours un ventilateur – qui insuffle l’air, mais c’est elle qui expire – que les médecins veulent retirer au plus vite. L’hôpital ne l’évoque plus par son prénom : on parle du « corps ».
Nailah refuse. « Je la sens. Je sens ma fille. J’ai le sentiment qu’elle est prisonnière dans son propre corps. Elle veut hurler, et me dire quelque chose ! » Avec l’aide de toute sa famille et d’un avocat rompu aux confrontations avec les puissants, elle obtient le 18 décembre que le ventilateur de Jahi ne soit pas coupé. Et le 5 janvier, l’hôpital a dû plier, en mettant en mesure la jeune fille de quitter les lieux avec le minimum nécessaire pour qu’elle ne meure pas pendant le transfert entre les mains du médecin légiste, qui l’a remise à sa famille. L’avocat, Chris Dolan, avait plaidé le respect de la vie privée et des convictions religieuses de la famille de Jahi, contre le droit revendiqué aux termes de la loi californienne par l’hôpital d’Oakland de prendre unilatéralement la décision de « débrancher ».
Ledit avocat a été l’objet de maintes menaces de mort pour avoir donné de « faux espoirs » à la famille et profité de leur détresse. Ce que les journaux ne disent généralement pas, c’est qu’il la défend bénévolement, sans demander un sou : « J’ai des tonnes d’argent. Ça m’est égal. Je perdrai de l’argent. C’est peut-être pour cela que les gens ont tant de mal à comprendre ce qui m’anime. Cette dame m’a demandé d’empêcher que sa fille soit tuée. »
Jeudi matin, l’alimentation de la jeune fille, coupée depuis le 12 décembre, a pu être rétablie et une trachéotomie facilite sa respiration. Son état de dénutrition avait fait craindre le pire jusqu’à mercredi – l’oncle de Jahi, Omari Sealey, expliquait alors : « Si son cœur cesse de battre pendant qu’elle est ventilée, nous pouvons l’accepter. »
Ce qu’ils n’acceptent pas ? Qu’elle ait été maintenue pendant un mois dans une sorte de « couloir de la mort », comme le dit Nailah. Qu’on la considère morte alors qu’elle est chaude, qu’elle respire, qu’elle digère, que ses organes fonctionnent en maintenant son intégrité corporelle – et qu’elle réagit lorsque sa mère lui parle et la touche, comme en atteste sa grand-mère, infirmière.
La petite Jahi a failli être victime, volée de sa guérison espérée ou de sa mort naturelle, des lois sur la « mort cérébrale » qui toutes, rappelle le pédiatre Paul Byrne, ont été adoptées en vue de faciliter le prélèvement d’organes vitaux « à cœur battant ». Le Dr Paul Byrne (qui avait accordé un long entretien à Présent, dans nos numéros des 6 et 10 mars 2011, repris ici sur ce blog) a examiné Jahi et constaté qu’elle est en vie, qu’elle répond par des mouvements à la voix de sa grand-mère. « Je suis sûr qu’elle est en train de guérir de son amygdalectomie. La guérison ne se produit que chez une personne vivante. » « Les gens ne deviennent pas “morts” parce que des médecins les déclarent “morts” », a-t-il commenté sur le site pro-vie LifeSiteNews : « Si les médecins y arrivent, ils prendront les organes de cette jeune fille. »
Il s’exprimait alors que Jahi était encore dans l’hôpital qui voulait programmer sa mort. Aujourd’hui il y a un espoir – ténu – pour que Jahi, soignée, aille mieux. Et en tout cas la certitude que sa vie sera respectée jusqu’au bout.
Cela vaut la peine de se battre. Et cela vaut la peine de saluer cette bataille alors que ce samedi 11 janvier, un arrêt de mort – une décision d’euthanasie par arrêt de l’alimentation – risque d’être signé en France par un médecin de Reims contre Vincent Lambert qui, lui, est en état de conscience minimale, capable de ressentir bien-être ou douleur.
• Article paru dans le n° 8018 de Présent, du vendredi 10 janvier 2014, et mis à jour le 11 janvier.
Histoire terrible où se mêlent le refus de la mort en général , de la mort absurde d’ un être jeune en bonne santé, et la compassion pour la douleur d’une mère . Mais cela va encore plus loin, dans cet entre-deux qu’on appelle le couloir de la mort où l’on peut laisser attendre un patient jusqu’à ce qu’il choisisse. Mais à quel moment choisit-il ?
Traditionnellement d’ailleurs, on n’a pas le droit de parler de choix, on devrait dire ” jusqu’à ce que Dieu le rappelle à Lui. Mais justement avec ce traitement, on sort du rapport avec Dieu.
Et finalement, tout se résout dans une question de coût. Plus on veut mettre d’argent, plus longtemps on garde les fonctions vitales ” inférieures”. Combien d’années pour Ariel Sharon?
La vie n’ a pas de coût puis qu’ elle nous est donnée. L’ accompagnement de la vie n’ a de coût que par ce que nous le voulons; mais est-ce la volonté de Dieu. Si c’est pour satisfaire la volonté de Dieu, la notion de coût n’entre pas en jeu. Mais se vouloir “Dieu” en prolongeant la vie a un coût moral ( nous ne pouvons prendre la place de Dieu ) et financier ( mais secondaire au coût moral ) . Le problème dépasse l’ humain. Bien que la situation soit fort dramatique pour la famille, la mort est par essence perçue comme dramatique pour les survivants, mais pas dans le devenir de l’ homme. La mort n’ étant qu’ un passage, marquant la fin de notre séjour terrestre pour atteindre ( et de cela Dieu seul est juge ) la béatitude du Paradis. En se plaçant dans cette perspective, le soin médical, l’alimentation naturelle , l’ hydratation du patient sont du devoir de la médecine, le reste, s’ il est mis en oeuvre dépasse la notion de devoir et on peut se poser la question de savoir s’il est bon pour l’ homme de dépasser la volonté du Créateur.
Nous avons ici un cas extrême de l’acharnement thérapeutique . Pour commencer une faute médicale des soignants d’une extrême gravité qui les conduits , par le système des “protocoles” à mettre en place une “réanimation”, en fait une suppléance artificielle aux fonctions vitales. Ceci est technique et personne ne se penche sur le droit moral. Il est instauré une “survie” artificielle qui à l’ heure actuelle semble n’ être qu’ une “culture de cellule” dépendante d’une machine. On a atteint le stade où, en absence se signe d’activité cérébrale et plus personne ne sait que faire; c’est ce que l’ on appelle l’ acharnement thérapeutique. Nous savons ( exemple récent Sharon ) que la survivance a dans ce cas précis duré 8 années . Est-ce moral , je ne sais, c’est aux Prêtres de se prononcer,mais ici on atteint la limite de l’ absurdité d’un système médical. Le reste par ailleurs, la “médecine” semble ne pas le prendre en compte; or c’est l’ inverse qui doit primer , la vie mais est-ce encore une vie qu’ une survie cellulaire en espérant le “miracle”, là encore qui sait répondre ? Ce qui est sûr c’est que Dieu donne la vie, mais imposer la survie , n’est-ce pas vouloir se substituer à Dieu ?
Tant que les fonctions vitales se déroulent de façon paisible,il n’y a pas d’acharnement. Nourrir un corps, le ventiler font partie des devoirs qu’on lui doit, quelque soit son état de stagnation apparent. D’aucuns se sont réveillés au bout d’années de ce qui semblait un coma, pour dire les souffrances infligées par des médecins qui leur déniaient toute sensibilité. Il vaut mieux trop prolonger que provoquer la mort par inconscience. Quant au coût médical, à côté des gaspillages de la Sécu…!
Qu’ appelez vous ventiler , avez vous assisté à l’ intubation, l’aspiration, les sondages nécessaires tant urinaires que digestifs…et je vous passe les détails… Si c’est cela ce que vous appelez paisible ??? Que doit faire le médecin, nourrir quand cela est possible, hydrater , “ventiler c’est à dire apporter de l’ air avec un ajout d’ oxygène, pratiquer les soins palliatifs . Ceci n’est pas de l’ acharnement thérapeutique; mais nombreuses sont les pratiques qui conduisent aux impasses où le malade n’est même plus pris en considération et où ce sont les médecins et la famille qui décident… Par ce que la “réanimation” a prolongé la “survie” et que tous se demandent : que faire.
Lorsque l’on a demandé à des membres de pro-vie de se prononcer sur l’avortement; certains ont répondu uniquement lorsque la vie de la mère était réellement en danger… On voit l’enchaînement aujourd’hui par l’avortement à outrance et peu importe la raison, puis à l’euthanasie a suivie et maintenant on ose le demander pour les enfants (Belgique)… L’acharnement thérapeutique jusqu’où, on s’arrête? La possibilité d’un oui très restrictif comme pour l’avortement, et malheureusement tout va devenir permissif ainsi pour un don d’organe, le coût pour la société et autres.
Avec et ou sans la foi, notre bon sens est-il entrain de se perdre?
Certaines personnes meurent après plusieurs années de “vie végétative”, comme Ariel Sharon après 8 ans. D’autres au contraire se sont réveillées, maintenues en vie artificiellement, après plusieurs années de “coma” et ont retrouvé toutes leurs facultés. C’est extrêmement rare, mais cela existe ! Il faudrait que je retrouve les articles de journaux que j’ai découpés.