Scandale en Espagne ! L’archevêché de Grenade vient depublier la traduction d’un best-seller italien Marie-toi et sois soumise. L’ouvrage s’est déjà vendu à 50.000 exemplaires dans sa version originale au sous-titre non moins original : « Une expérience radicale pour femmes sans peur ». C’est que son auteur, la journaliste Costanza Miriano, mère de quatre enfants (dans l’Italie de la dénatalité, c’est déjà un exploit) a voulu en effet prendre l’Evangile à la lettre. Et plaider pour des mariages unis, inébranlables, fondés sur le roc, comme on va le voir.
Eh bien, les dénonciations pleuvent. On accuse l’archevêque de Grenade, Mgr Francisco Javier Martinez, responsable en tant qu’évêque de la maison éditrice de son diocèse, Nuevo Inicio, de fomenter le machisme, de promouvoir les violences contre les femmes, de contrevenir aux lois contre l’égalité. Il est d’ailleurs coupable d’avance, lui qui a comparé les crimes de l’avortement à un génocide, lui qui a déclaré que les femmes qui tuent leur propre enfant à naître sont cause et horrible justification du fait que les hommes prennent les corps des femmes pour des objets, lui qui accuse le préservatif de contribuer à l’épidémie du sida.
Les critiques viennent donc de la gauche, comme on pouvait s’y attendre. Conseillère municipale de la Gauche unie (Izquierda unida) à Grenade, Maité Molina a demandé que « le parquet de Grenade intervienne et intervienne sur l’édition et la mise en vente du livre afin de vérifier si le délit de violence sur les femmes y est constitué ». Appel aux poursuites donc – à ceci près qu’elle n’a pas lu le livre…
Cela ne l’a pas empêché de demander que le conseil municipal se réunisse en urgence pour se prononcer contre le livre de Costanza Miriano et se joindre à la demande au parquet : « Nous à l’IU, nous avons compris que ce livre défend ouvertement la servitude des femmes par rapport aux hommes, alors que c’est précisément la croyance en la supériorité des hommes sur les femmes qui est une des causes de la violence machiste. »
Mais les critiques viennent aussi de la droite : la pensée unique est totalitaire ou n’est pas. Le secrétaire général du Partido Popular (PP) d’Andalousie, José Luis Sanz, a invité l’archevêché de Grenade de retirer immédiatement le livre qui est selon lui une « authentique erreur ». Et d’assurer à la presse, qu’il avait convoquée, que l’archevêché doit « rectifier, bien qu’il se fasse déjà très tard ».
A-t-il lu le livre ? Pas davantage que sa collègue de gauche, ni que la presse locale, ni que l’ensemble des bonnes consciences furieuses que l’on puisse aujourd’hui en Espagne publier un livre portant un titre… directement tiré des écrits de saint Paul.
Car oui, c’est bien saint Paul qui est au cœur de ce lynchage collectif. C’est la citation de sa célèbre épitre que l’on entend encore dans les messes de mariage de forme « extraordinaire » qui a déclenché la colère. Et qui entraînera peut-être des poursuites. Et pourquoi pas une condamnation pénale ?
Ah les hypocrites ! Les mêmes – ou quasi, en tout cas les gardiens médiatiques de l’ordre antiraciste et anti-discimination – qui poussent des cris d’horreur devant Marie-toi et sois soumise se pâment d’admiration devant les pratiques sado-maso complaisamment décrites dans Cinquante nuances de gris et nul ne s’émeut devant les pubs 4×3 dans le métro pour ce best-seller pornographique.
S’il n’y a certainement pas de quoi, dans Marie-toi et sois soumise, de quoi fouetter une femme, il y a fort à parier qu’il n’y a pas non plus de quoi fouetter un chat puisque le propos de Costanza Miriano est très clair : « Soumise, c’est comme être en dessous dans le sens de soutenir. Comme les colonnes, comme les fondements d’une maison. »
Oui, elle plaide pour que la femme soit loyale, qu’elle soutienne son mari, qu’elle lui pardonne jusqu’à ses infidélités, qu’elle soit « obéissante », pour qu’elle puisse être précisément le roc sur lequel s’appuient tous les membres de la famille : « une qualité proprement féminine ». Et elle a l’approbation officieuse du Vatican, assure-t-elle.
La soumission chrétienne – des uns aux autres, des apôtres à Pierre, de l’Eglise à son chef qui est le Christ – n’est en rien une humiliation ou un permis d’abuser puisque l’autorité même est un service…
Si bien que ce livre est suivi d’un deuxième tome, lui aussi de Costanza Miriano, à paraître dans quelques mois lui aussi dans sa version espagnole chez Inicio Nuevo : Marie-toi et donne ta vie pour elle. Saint Paul, encore. Ce qui remet bien les choses en perspective, sauf pour ceux qui ne savent plus lire et qui ne « raisonnent » plus que par réflexes conditionnés.
A quoi s’ajoute la pointe d’humour avec laquelle l’archevêché de Grenade avait annoncé la parution du premier tome, présentant l’auteur comme « mariée, soumise – du moins c’est ce qu’elle aime à dire –, quatre enfants ». Mais c’est déjà trop. On ne rigole pas avec l’égalité !
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Le passage de Saint Paul en question est lu également dans les mariage en forme ordinaire (heureusement). Pourquoi cette contre-information ?
St Paul est trop intelligent et “divin”pour les esprits progressistes et raccourcis de notre temps.
J’ai 70 ans et, effectivement, l’expression “être soumise à l’homme” ne m’enchante pas. J’ai trop de souvenirs du mépris dans lequel les femmes étaient plongées du seul fait d’être une femme!
Je ne souhaite vraiment pas un “retour en arrière” … mais je ne suis pas heureuse non plus de la situation actuelle où, sous prétexte d’égalité, on nie les différences et où on est entraîné dans une sorte de compétition généralisée, tant sur le plan économique que dans le domaine social.
Je crois que nous sommes d’égale valeur mais que nous avons des rôles différents à remplir, surtout dans la famille et que cela demande un travail de réflexion très pointu. Et nos erreurs pourraient se transformer en richesses.
Dans la famille, c’est non pas la soumission, mais la vénération mutuelle qui doit régner. De plus, il ne faut pas confondre la place de l’épouse et la place de la mère, la place de l’époux et la place du père.
C’est le père qui doit énoncer la loi (parce que pour l’enfant il est celui qu’on aime au-delà des sens et qui tient donc la place symbolique alors que la mère donne le sens du réel par les sens parce que c’est elle qui a porté l’enfant) Le père doit donc énoncer la loi, non pas faire la loi, non pas imposer SA loi mais TRANSMETTRE la loi de Dieu, la loi du Christ… Et la mère doit effectivement montrer sa confiance en la parole du père donc à la loi de Dieu. A elle de la faire appliquer dans le quotidien.
Mais bien évidemment, la loi n’a pas la même place entre les époux. Le mari n’a pas plus d’autorité envers son épouse que la femme envers son époux. C’est dans la complicité qu’ils sont appelés à vivre la loi d’amour.
Tout cela demanderait bien sûr un long développement (j’y travaille et j’espère ouvrir un site bientôt)
En tout cas je crois que si l’on parlait de vénération mutuelle au lieu de soumission, on aurait fait un grand pas…
St Paul parle-t-il vraiment de soumission? Les traductions sont-elles parfaites? Il avait des relations très suivies et apparemment chaleureuses avec de nombreuses femmes et en particulier avec des femmes très libres, actives dans leur société (Lydia et Priscilla…)
Humblement, Je suggerais a l’Archeveque de Grenade, Mgr Francisco Javier Martinez, de penser deja a un troisieme ouvrage, qui pourrait etre intitule “Mariez-vous et soyez soumis l’un envers l’autre”! Car c’est vrai que l’epouse doit etre soumise a l’epoux, et l’epoux lui, doit se sacrifier pour son epouse et ses enfants. Mais il est tout aussi vrai que ‘notre bien aime frère Paul’ enseinge la soumission reciproque, ‘dans la crainte du Christ’…de regarder les autres (incluses nos epouses) comme etant superieurs a nous-memes (Eph. 5: 21; Phil. 2: 3). Ma femme, c’est aussi et avant tout ma soeur spirituelle, ‘un membre’ du corps spirituel de Christ; et l’alliance du marriage n’abolit ni ne frustre en aucun cas cette realite que les epoux experiemntent ensemble, par la foi en Christ. C’est ce que je pratique, par la Grace de Dieu, durant mes trente annees de marriage et c’est ce que je preche aussi! Merci. Le Seigneur Jesus vous benisse tous- amen!