Nous avons déjà évoqué la reprise de l’abbaye Saint-Paul de Wisques par des moines de l’abbaye de Fontgombault. L’abbaye de Wisques (Pas-de-Calais) ne compte plus qu’une douzaine de moines dont l’âge moyen dépasse les 70 ans. Depuis le décès de Dom Jacques Lubrez (en 2009), l’abbaye mère de la Congrégation, l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes, avait nommé un “prieur-administratif” cherchant une solution pour éviter la fermeture. À l’automne prochain, 12 moines de Fontgombault viendront poser définitivement leurs valises dans le nord.
Dom Pateau, Père Abbé de l’Abbaye Notre-Dame de Fontgombault, a répondu aux questions du Baptistère (n° 71, avril 2013) dans lequel il précise les termes de cette refondation :
« Cela dépend de ce que l’on entend par fondation. Si fondation veut dire instauration dans un lieu de la vie monastique par la construction d’un monastère et l’apport de la tradition monastique, alors non. A Wisques, il y a un monastère. La tradition monastique solesmienne s’y est développée depuis 1889, avec des périodes d’absence cependant, dues aux expulsions des moines à l’étranger. Vue de Fontgombault, la reprise de l’Abbaye Saint-Paul ressemble à une fondation dans la mesure où des moines quitteront en groupe leur monastère pour aller s’établir en un autre lieu et y pratiquer leur observance, celle de Fontgombault.
Compte tenu de la différence d’observance entre les deux communautés, le Père Abbé de Solesmes, Président de notre Congrégation, a laissé aux moines de Wisques la possibilité de demeurer dans le monastère de leur profession ou de gagner un autre monastère de la congrégation. Six moines ont choisi de rester. Notre devoir est de leur faciliter ce choix. Si aujourd’hui nous pouvons venir à Saint-Paul de Wisques, c’est parce que les moines de cette abbaye ont tenu dans les épreuves que la communauté a traversées ».
Sur la question de la liturgie, l’abbaye va reprendre la forme extraordinaire telle quelle est célébrée à Fontgombault et dans ses abbayes filles. Dom Pateau précise : « Au sein de la Congrégation de Solesmes, Fontgombault et ses filles célèbrent la messe dans la forme extraordinaire du rite romain et utilisent également le bréviaire monastique traditionnel. Ces spécificités seront conservées : c’est une condition de la reprise de l’Abbaye Saint-Paul. L’observance, tant monastique que liturgique, sera celle de Fontgombault. Néanmoins chez nos sœurs moniales de l’abbaye Notre-Dame, qui usent de la forme ordinaire, les moines de Saint-Paul célèbreront selon cette forme ».
Fontgombault est une des abbayes les plus dynamiques de la Congrégation de Solesmes avec 4 fondations ces 40 dernières années : Randol (en 1971), Triors (en 1984), Gaussan (en 1994, devenue Donezan) et Clear Creak (États-Unis, en 1999). L’abbaye compte près de 70 moines et ne manque pas de dynamisme que le Père-Abbé explique surtout par l’observance de la règle dans la charité et l’unité : « Il est difficile de donner une recette. Il me semble cependant que le jeune qui frappe chez saint Benoît outre le fait de chercher Dieu désire y trouver une vie qui se démarque de celle menée ordinairement au sein d’une société foncièrement marquée par l’individualisme. Le cénobitisme bénédictin ne se limite pas à la participation commune à l’office, au chapitre et au réfectoire. L’attrait d’un monastère et la persévérance des novices tiennent pour beaucoup à la charité vécue au sein de la communauté qui se manifeste dans l’unité de celle-ci autour de son abbé et finalement autour du Christ. L’abbé est père et les moines sont fils selon les mots employés par saint Benoît.
S’il demeure fidèle à ses origines, le monachisme bénédictin est donc promis à de longs jours. Quant aux raisons qui mènent vers tel ou tel monastère, c’est le secret de la Providence. A Fontgombault, nous remercions le Seigneur de nous avoir bénis en nous confiant toujours des vocations ».
Liturgie “traditionnelle” ? Vous voulez sans doute parler de la liturgie selon la forme extraordinaire.