Mgr Grua, évêque de Saint-Flour, réagit à son tour à l’abdication de Benoît XVI :
“Nous avons maintenant tous appris la nouvelle : le Pape Benoit XVI a librement décidé de renoncer à sa charge d’évêque de Rome, successeur de Pierre. Sa santé déclinante l’a amené à cette décision.
Je salue ce beau geste de liberté intérieure. En quelques heures nous sommes passés de l’incrédulité, à l’émotion, aux questions. Il faut dire que nous sommes la première génération de l’histoire de l’Eglise à apprendre si rapidement et tous ensemble une telle nouvelle et depuis sept siècles nous étions si habitués à voir les papes mourir à la tâche qu’une autre situation nous paraissait, jusqu’à hier, impensable. Le choc à peine passé, l’heure n’est pas au bilan. Laissons l’histoire faire son œuvre. L’humble sillon ouvert par Benoit XVI n’a pas fini de révéler sa fécondité. Je voudrais plutôt vous partager mes réactions, toutes personnelles, au lendemain de cette annonce. Je les résume en trois mots :
Emotion : depuis huit ans nous avions appris à connaitre, à aimer Benoit XVI. Une personnalité si différente des caricatures qu’une presse bien intentionnée nous en avait donné. Nous avons découvert un homme humble, frère parmi ses frères, à la qualité d’écoute impressionnante comme si seul au monde comptait dans l’instant son interlocuteur, dont l’accueil souriant et bienveillant invitait à un dialogue de confiance. En « visite ad limina » il y a deux mois nous en étions tous impressionnés et nous nous le sommes dit entre évêques. Cet homme est attachant. Comme tous les évêques qu’il a nommés je reçois aujourd’hui, d’une manière toute particulière, avec émotion et une certaine peine l’annonce de son départ.
Action de grâces : Dieu a beaucoup donné à son Eglise par le ministère de Benoit XVI. Peut-être l’ l’opinion ne l’a-t-elle pas encore perçu car si sensible au rythme et aux éclats médiatiques, mal disposée à entendre une parole qui l’ébranle dans ces certitudes. Mais l’acuité intellectuelle de ce pape, doublée de son attention pastorale, la clarté de sa parole, le courage de ses décisions, jusqu’à la dernière, ont semé des germes qui, je n’en doute pas, porteront du fruit. Benoit XVI a servi inlassablement la Vérité qui est le Christ. Nous avons pu nous appuyer en lui sur la foi de Pierre. Nous l’avons vu audacieux parfois dans le dialogue, tenace dans les preuves qu’a traversées l’Eglise.
La décision qu’il vient d’annoncer signe la profondeur vie spirituelle de ce pape. Elle révèle un serviteur de Dieu préoccupé du seul souci de servir. Si Jean-Paul II nous a appris, dans sa maladie, la dignité de toute personne humaine même défigurée, Benoit XVI nous apprend, en fidélité à l’Evangile, que toute autorité est humble service des frères.
Je vous invite à rendre grâces en Eglise diocésaine pour ces dons reçus. Une messe d’action de grâces sera célébrée en la cathédrale de Saint-Flour le mercredi 27 février à 17h30.
Je souhaite qu’elle soit une véritable célébration diocésaine. Merci de transmettre cette invitation à vos communautés.
Confiance : la situation est inédite mais nous n’avons pas de raison de nourrir une inquiétude particulière. L’Eglise ne se résume pas à la personne du Pape, quelle que soit l’importance de sa mission. Elle vit de la foi et de l’engagement de chacun des baptisés, du ministère des évêques, des prêtres et des diacres. Elle continue son chemin.
Le collège des cardinaux va avoir la mission de désigner un successeur. Inutile de faire des pronostics et de jouer au tiercé ! La démarche des cardinaux consiste à discerner dans la réflexion et la prière, non pas seulement celui qu’ils jugent le plus apte mais celui que Dieu choisit comme successeur de Pierre. Nous accueillerons leur décision dans la foi et la paix. Et nous prions déjà pour eux et pour celui, qui dans la foi acceptera cette mission.”