Aux Pays-Bas, la chose est en bonne voie : sur proposition des socialistes (PvdA), des Verts et des libéraux, le ministère de la Justice néerlandaise a lancé une étude pour déterminer si trois personnes, voire davantage, peuvent être simultanément « parents » d’un même enfant. Fred Teeven a ainsi réagi favorablement à la suggestion faite dans le cadre de la Chambre basse, mardi soir, par Liesbeth van Tongeren, de GroenLinks (Gauche verte), tout en expliquant qu’il voyait des problèmes d’ordre pratique.
Pensez, a-t-il dit, aux décisions médicales concernant un enfant : tous les détenteurs de l’autorité parentale devraient se mettre d’accord avant de les prendre : « Je me demande si cela est vraiment dans l’intérêt de l’enfant. » Sur le brouillage dans la tête des pauvres enfants soumis à cette folle ingénierie sociale, il semble que le ministre n’ait rien eu à dire.
Ainsi, à la faveur du « mariage » homosexuel et de l’adoption homosexuelle, qui sont légaux aux Pays-Bas, mais aussi du délitement du lien conjugal à travers concubinages successifs, divorces et autres recompositions, on est en train d’en arriver au concept non plus de « parentalité » – qui avait ouvert la marche –, d’« homoparentalité », mais de « multiparentalité ». En dénonçant, cela va de soi, le concept étriqué de « famille nucléaire ». Mais ce n’est pas pour souligner le rôle de la famille élargie dans l’éducation, celui des grands-parents, des oncles, des tantes, d’ailleurs largement passé à la trappe dans l’organisation sociale d’aujourd’hui. C’est pour nier la réalité des liens du sang, et faire primer la « parentalité sociale » (encore une !) sur la « parentalité biologique », ou du moins les mettre à égalité.
L’impulsion vient du milieu des lesbiennes en couple avec une mère biologique et ses enfants. Elles dénonçaient le fait qu’elles doivent entamer une procédure d’adoption compliquée et longue pour obtenir des droits sur l’enfant de leur partenaire alors que l’homme, dans un couple « hétérosexuel » (osé-je écrire encore « normal ») peut se contenter d’une simple déclaration de reconnaissance de paternité, pour 2,65 euros tout compris, qui prend quatre minutes à tout casser, a souligné le ministre.
Voilà une procédure qui va simplifier la vie de la partenaire lesbienne. La majorité de la Chambre a adopté mardi la proposition « Parentalité lesbienne » qui ouvre la voie à la simple reconnaissance des enfants en mairie pour la « co-maman » comme ils disent. Celle-ci devrait entrer en vigueur le 1er janvier prochain au plus tard, a fait savoir Fred Teveen.
L’idée est d’étendre maintenant ces droits au donneur de sperme, au compagnon du donneur de sperme, à l’ex-partenaire, à un nouveau concubin, à une mère porteuse intéressée à l’éducation de l’enfant. Toute une série de pas si bonnes fées qui rêveraient d’obtenir le droit de se pencher sur un nouveau berceau en se faisant appeler Papa, Papa, Maman, Maman. L’élément moteur serait le rôle social du deuxième, troisième ou quatrième « parent ».
On dit en effet que l’affaire de l’« adoption homosexuelle » va demeurer marginale, vu la faiblesse du nombre d’enfants à adopter. Mais en réalité la reconnaissance du lien homosexuel et des droits parentaux aux partenaires de même sexe suscite d’abord des conceptions par procréation assistée, que celle-ci soit artisanale, médicale, légale ou clandestine, et l’adoption concerne en premier lieu la création d’un lien « parental » avec l’enfant du partenaire…
Comme les Pays-Bas sont un pays pluraliste et tolérant, l’éditorialiste du journal catholique Katholiek Nieuwsblad, Mariska de Haas, qui a osé rappeler qu’un enfant naît d’une mère et d’un père et qu’il est difficile à un garçon élevé par deux mamans de devenir à son tour un bon père, fait aujourd’hui l’objet d’une campagne de dénigrement quasi nationale. On l’accuse même, du côté des catholiques bon teint, de « ridiculiser la religion catholique » par ses prises de position passéistes.
Voilà ce qui nous attend…
• Cet article a paru dans Présent daté du 27 octobre 2012.
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Bon courage à ces enfants à multiples co-parents quand l’un ou l’autre de ces adultes vieillissant mais plus pressé de demander le droit de mourir dans la dignité fera état de l’obligation d’aliment due par un enfant à ses parents.