Et quelle dame ! puisqu’il s’agit de Mary Ann Glendon, professeur de droit à Harvard, ancien ambassadeur des États-Unis près le Saint-Siège (de 2007 au 19 janvier 2009) et
présidente de l’Académie pontificale pour les sciences sociales. Elle devait recevoir, le
17 mai prochain lors de la cérémonie de remise des diplômes la Lætare Medal, la plus prestigieuse distinction qu’on
puisse accorder aux États-Unis à un laïc catholique (j’en ai parlé ici l’année dernière).
Elle vient de la refuser par lettre datée d’aujourd’hui et adressée au P. Jenkins, président de Notre Dame. C’est un camouflet dont il ne se remettra pas. En voici la
traduction.
« Cher Père Jenkins,
quand vous m’avez informée en décembre 2008
Lætare Medal de Notre Dame, j’en fus profondément émue. Je chéris le souvenir de ma réception d’un diplôme honoris causa de Notre Dame en 1996, et je me suis toujours sentie
honorée que le discours de commencement que je prononçai cette année-là ait été inclus dans l’anthologie des plus mémorables discours de commencement publiée par Notre Dame.
Aussi, je me suis tout de suite mis au travail pour rédiger mon discours d’acceptation que je souhaitais digne de l’occasion, de l’honneur de cette médaille, de vos étudiants et du corps
professoral.
Le mois dernier, quand vous m’avez appelée pour me dire que le discours de commencement serait prononcé par le Président Obama, je vous ai signalé que je devrais réécrire mon discours.
Dans les semaines qui ont suivi, ce travail qui m’était d’abord apparu délicieux est devenu compliqué en raison de nombreux facteurs.
Tout d’abord, et pour être depuis longtemps consultante de la Conférence des Évêques catholiques des États-Unis, je n’ai pu m’empêcher d’être consternée en apprenant que Notre Dame avait aussi
l’intention d’accorder au Président un doctorat honoris causa. Cela, comme vous devez le savoir, c’est au mépris de la demande exprès des évêques des États-Unis de 2004 que les
institutions catholiques “ne devront pas honorer ceux qui agissent en défiance de nos principes moraux fondamentaux” et que te telles personnes “ne devront recevoir ni récompenses ni
honneurs ni tribunes susceptibles de suggérer qu’on soutienne leurs actes”. Cette demande qui en aucune manière n’entend contrôler ou s’immiscer dans la liberté d’une institution à
susciter et à engager une sérieuse discussion avec qui elle veut, me semble si raisonnable que je n’arrive pas à comprendre comment une institution catholique pourrait ne pas la respecter.
Puis j’ai appris que des “points de discussion” publiés par Notre Dame en réponse à une vaste critique de sa décision, en incluaient deux impliquant que mon discours d’acceptation équilibrerait,
en quelque manière, l’événement :
. “Le Président Obama ne sera pas le seul à parler. Mary Ann Glendon, ancien ambassadeur des États-Unis auprès du Vatican, parlera aussi en qualité de récipiendaire de la Lætare
Medal”.
. “Nous pensons que voir le Président venir à Notre Dame, rencontrer les diplômés et nos dirigeants, et écouter une allocution de Mary Ann Glendon est une bonne chose et pour le Président et
pour la cause dont nous avons soin”.
Un commencement, quoi qu’il en soit, est supposé être une journée de joie pour les diplômés et leurs familles. Ce n’est pas le lieu – et un bref discours d’acception n’est pas davantage
le bon moyen – pour traiter des graves problèmes soulevés par la décision de Notre Dame – au mépris des positions arrêtées par les évêques des États-Unis – d’honorer un opposant prééminent et
intransigeant à la position de l’Église sur les questions impliquant des principes fondamentaux de justice.
En conclusion et ayant été informée que d’autres écoles catholiques ont pareillement choisi de mépriser les orientations des évêques, je crains que l’exemple de Notre Dame puisse avoir un
malheureux effet de vague.
C’est donc avec une grande tristesse que j’en suis venue à la conclusion de ne pas accepter la Lætare Medal et de ne pas prendre part à la cérémonie de remise des diplômes du 17
mai.
Afin d’éviter d’inévitables spéculations sur les raisons de ma décision, je transmettrai cette lettre à la presse mais il n’est pas dans mes intentions pour l’heure d’ajouter d’autres
commentaires sur cette affaire.
Bien à vous… »
Chapeau ! Madame…
quelle classe ! une grande dame, en effet.
April 27, 2009
<object type=”application/x-shockwave-flash” data=”http://widgets.clearspring.com/o/49d931d32ac8cbbd/49f63f9850f70a41/49f57dc85a88e7ea/cbad22ac” id=”W49d931d32ac8cbbd49f63f9850f70a41″ width=”336″ height=”280″><param name=”movie” value=”http://widgets.clearspring.com/o/49d931d32ac8cbbd/49f63f9850f70a41/49f57dc85a88e7ea/cbad22ac” /><param name=”wmode” value=”transparent” /><param name=”allowNetworking” value=”all” /><param name=”allowScriptAccess” value=”always” /></object>