Il faut saluer la disponibilité de Mgr Pozzo, le secrétaire de la Commission Ecclesia Dei. Homme de dossiers, travailleur infatigable, il n’hésite pas à passer du
temps dans des rencontres avec des ecclésiastiques de la mouvance traditionnelle. On sait que s’il entend traiter tous les dossiers litigieux, il ne veut pas transformer son bureau en lieu de
rencontre avec tous les laïcs du monde. Vous avez un problème avec votre évêque, votre curé ? Il faut constituer un dossier solide, bien argumenté, respectueux et l’adresser à Mgr Pozzo.
Celui-ci s’en occupera. En revanche, il apprécie visiblement le temps passer avec des prêtres ou de futurs prêtres. On sait qu’il s’est déjà rendu auprès de l’IBP-Roma. L’abbé de Tanoüarn raconte, dans un récent texte, en date du 12 mars, une nouvelle rencontre.
Portrait :
« Monseigneur Pozzo restera très sobre toute la soirée, mais ses saillies n’en sont que plus nombreuses. Il parle de ce qui l’intéresse, de ce qui le passionne
même : la théologie. Et de déplorer l’absence de systématiciens originaux. La théologie d’aujourd’hui dans le meilleur des cas est une redite soupire-t-il. Le cardinal Ratzinger demeure, seul
véritable théologien, dans un monde qui n’en a plus. La raison ? Comme le Père Garrigou-Lagrange, même si ce n’est pas dans les mêmes termes, Monseigneur Pozzo attribue la crise de la théologie à
la crise de la métaphysique, ou plus exactement à l’absence de métaphysique qui caractérise l’homme d’aujourd’hui. Emporté par son élan, il évoque sa propre thèse de théologie, soutenue naguère
sur Hans Küng, et il stigmatise les théologiens radicaux de cette espèce qui ont placé la foi pure dans une sorte d’ailleurs inaccessible. Résultat ? la théologie radicale consiste à utiliser les
catégories d’une culture mondaine pour dire la foi à un moment de l’histoire. Et puis il faut recommencer quand la culture change. Vu comme ça, Hans Küng est une sorte de Sisyphe, qui n’en finit
pas de monter son rocher. Et pas seulement celui-là souligne-t-il. Dans ses Entretiens sur la foi justement, le cardinal Ratzinger s’est attaqué aussi à ceux qui cherchaient uniquement à trouver
des intermédiaires entre la foi et la culture dominante. Cette recherche est vaine, martèle mons. Pozzo, décidément très en forme. »
Le Concile Vatican II
« mons. Pozzo nous parle du Concile : on peut déclarer que quelques points traités au Concile reste ouverts ou que le lien de certains exposés conciliaires
avec la Tradition est problématique, mais la question est de savoir si une herméneutique de continuité est possible (si on reconnaît cette possibilité, on est catholique) ou bien si elle n’est
pas possible – et cela, nous dit-il d’une voix forte, ce n’est pas catholique. Sono eretici ! Ils sont hérétiques ceux qui prétendraient que Vatican II ne peut pas recevoir une interprétation
correcte de la part du Magistère. »
Au-delà même de ses fonctions actuelles, Mgr Pozzo est un homme à suivre. Il ne manque ni d’envergure, ni de conviction. C’est un théologien avant d’être un homme
d’appareil ou de curie. On ne l’a pas assez noté. Mais c’est un changement qui montre, à sa mesure, l’orientation du pontificat de Benoît XVI.