Voici d’autres coups de sonde révélateurs sur une situation qualifiable de “post-catholicisme” en
fin du mandat du cardinal Danneels :
Une analyse de 2006 et publiée l’an dernier du Centre de Sciences politiques de la KULeuven (Université catholique
de Louvain, aile flamande), réalisée à la demande de la Conférence des évêques, constate que la pratique religieuse s’effondre à grande vitesse. La pratique dominicale est évaluée à 7 % de la
population contre 11 % en 1998. Selon Louvain, « les 3 principaux rites catholiques connaissent une désaffection sans précédent » : le nombre des baptêmes d’enfants est tombé à
57%, celui des mariages religieux à 25%, et les funérailles chrétiennes ne concernent plus que 6 défunts sur 10. C’est l’archevêché de Malines-Bruxelles, avec la région de Bruxelles, où
l’effondrement est le pire.
Pourtant ces chiffres pourraient paraître « optimistes » en comparaison de la France (selon un sondage IFOP du mois d’août dernier, 4.5% seulement des Français vont à la messe tous les
dimanches, contre 20% en 1972). Il faudrait vérifier si les chiffres de Louvain concernent une pratique mensuelle ou hebdomadaire, mais il faut surtout savoir que la Belgique d’avant le Concile
était sans comparaison plus catholique que la France : la zone néerlandophone était terre de chrétienté, comme le Québec, la Slovaquie, Malte, l’Irlande, la Bretagne, le Valais. Comme en
Italie catholique ou en Bretagne, on était en régime d’« associations catholiques » : cercles, écoles, syndicats, journaux, éditions, mouvements de jeunesse, caisses mutuelles,
d’hôpitaux, surtout dans la zone néerlandophone. Il n’en reste des habitudes sociologiques, par exemple le vote démo-chrétien.
Mais bien plus inquiétant qu’en France (et qui laisse penser que la comptabilité de Louvain est présentée favorablement), c’est que le critère décisif, celui du « taux de fécondité » en
vocations annonce la disparition prochaine du catholicisme belge : cette année, un seul et unique prêtre diocésain néerlandophone sera ordonné !
Les chiffres suivants sont ceux de l’année scolaire 2008-2009 :
Anvers (1 518 000 h.) : 5 séminaristes
Bruges (1 127 000 h.) : 12 séminaristes
Gand (1 348 000 h.) : 0
Hasselt (787 000 h.) : 1 séminariste
Liège (1 014 000 h.) : 9 séminaristes
Malines-Bruxelles (2 471 000 h.) : 6 séminaristes
Namur (683 000 h.) : 37 séminaristes
Tournai (1 284 000 h.) : 5 séminaristes
Soit au total : 75 séminaristes (et vraisemblablement encore moins en ce mois de rentrée 2008). Le seul
séminaire faisant exception est celui de l’évêque le plus « identitaire », Mgr Léonard, à Namur, avec la moitié des séminaristes belges (étant cependant précisé que les fantaisies
liturgiques du Chemin néocatéchuménal se pratiquent à Namur en toute impunité et qu’on n’y est nullement formé à la liturgie traditionnelle, ni même à la messe de Paul VI dans sa version
typique…).
La France se juge dans un état de pauvreté extrême avec 740 séminaristes diocésains, pour une population 5,8 fois
plus importante. Avec moins de 80 séminaristes, nos voisins belges sont grosso modo dans une situation deux fois pire que celle la nôtre. En outre, ils n’ont pas comme nous une réserve de près de
150 séminaristes de rite traditionnel, type de vocations presque inconnu en Belgique.
L’admirable est que les autorités ecclésiastiques ne s’émeuvent pas de la situation. Elles la considèrent même avec une certaine satisfaction : le cardinal Godfried Danneels, qui préside à
cette déconfiture, estime que « ce que l’Église a perdu en quantité, elle l’a gagné en qualité ».
(à suivre)