Si la Fête du Travail tire son origine des événements du 1er mai 1886 à Chicago, qui virent 200 000 ouvriers obtenir le journée de 8 heures et des jours qui suivirent avec une grève générale pour étendre cette conquête sociale, une revendication qui, malheureusement, se solda par des morts, et si cette journée du 1er est célébrée et chômée dans de nombreux pays, elle est fêtée aux États-Unis, depuis la fin des années 80 du XIXe siècle, comme « Labor Day » le premier lundi de septembre, c’est-à-dire cette année aujourd’hui même. C’est une fête nationale fédérale et dans tous les États de l’Union.
L’évêque de Rockville Centre (New York), Mgr William Murphy, qui préside la commission de l’épiscopat américain sur la justice et le développement aux États-Unis, a profité de cette célébration pour livrer, le 24 août dernier, quelques commentaires sur la situation sociale des travailleurs américains. Un constat qui n’est pas enthousiasmant.
- « Des millions [d’Américains] sont privés de travail ou ont un membre de leur famille ou un ami qui fait partie des 15 millions de chômeurs ou des 11 millions de travailleurs qui n’ont pu trouver qu’un emploi précaire. Beaucoup trop n’ont pu trouver de travail depuis des mois, et certains depuis des années. C’est un échec généralisé de l’économie d’aujourd’hui. » Citant Caritas in Veritate de Benoît XVI, l’évêque rappelle que l’encyclique souligne comment le chômage et une dépendance prolongée à l’assistance publique ou privée « mine la liberté et la créativité de la personne, de sa famille et de ses relations sociales, provoquant une grande souffrance psychologique et spirituelle (…) L’Amérique entreprend une transformation économique peu fréquente, dégraissant les emplois et expérimentant des filets de sécurité tandis que la nation est en quête de nouvelles manières de diriger et de faire progresser l’économie (…) » Les travailleurs, poursuit l’évêque, ont besoin d’un nouveau « contrat social » et doivent obtenir « une vraie voix et des protections réelles dans la vie économique (…) Un nouveau contrat social, qui commence par honorer le travail et les travailleurs, doit être forgé : il doit en fin de compte se concentrer sur le bien commun de toute la famille humaine (…) Le marché, l’État, la société civile, les syndicats et les employeurs, tous ont des rôles à jouer et ces rôles doivent s’exercer dans des interrelations créatives et fécondes. Une action privée et des politiques publiques qui renforcent les familles et réduisent la pauvreté sont nécessaires. »
Aujourd’hui, un Américain sur six est assisté par l’État. 50 millions d’Américains bénéficient du système Medicaid d’aide médicale aux plus pauvres, 17 % de plus qu’en 2007, avec un coût en augmentation de 36 % sur deux ans : 273 milliards de $. Plus de 40 millions d’Américains survivent grâce à des coupons d’alimentation, 50 % de plus qu’en 2007 (coût : 70 milliards). Près de 10 millions reçoivent une indemnité de chômage, quatre fois plus qu’en 2007 (coût : 43 milliards). 4,4 millions sont sous assistance sociale complète…