Le cardinal Bagnasco a prononcé hier un discours, lors d’une assemblée des évêques italiens à Ancône, au cours duquel il a évoqué les problèmes judiciaires et moraux du Président du conseil italien, Silvio Berlusconi:
“Quiconque accepte d’assumer un mandat politique doit être conscient de la mesure et de la sobriété, de la discipline et de l’honneur que celui-ci entraîne, comme le rappelle notre Constitution. […] Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, notre pays a besoin de surmonter, rapidement et de manière définitive, cette phase convulsive qui voit se mélanger d’une manière de plus en plus dangereuse la faiblesse éthique avec l’agitation politique et institutionnelle.”
Depuis plusieurs mois – nous en avions parlé notamment ici et là -, les relations entre le Président du conseil et certains secteurs de l’Eglise italienne et de la Curie sont tendues. Mais il est extrêmement difficile de repérer les forces en présence, tant les “camps” se mêlent et s’entremêlent: il y des clivages politiques, bien sûr, mais aussi des problèmes entre sociétés contrôlées par les uns et par les autres (ce quie se voit notamment dans la “guerre” d’escarmouche que se mènent les différents grands quotidiens de la Péninsule), et sans doute d’autres encore…
Même ce discours du cardinal Bagnasco, en apparence très critique à l’égard du comportement de Berlusconi, pourra très bien être interprété ici ou là comme un discret soutien – en ce sens qu’il aura été moins critique que certains l’espéraient (on a même vu un prêtre menacer de priver ses paroissiens de sacrement tant que Berlusconi serait au pouvoir!)
Bref, il faut attendre quelques jours (sinon plus) pour savoir comment ce discours sera compris par les différentes protagonistes.
En attendant, le cardinal Bagnasco a dit des choses qui valent bien au-delà du cas particulier du “Rubygate”. Partout et en tout temps, il me semble opportun que les représentants politiques (et, par voie de conséquence, les électeurs aussi…) aient un comportement moral digne. Le moins que l’on puisse attendre d’une personne qui se propose de gouverner une collectivité, c’est qu’elle soit capable de se gouverner elle-même. Et cela semble de plus en plus rare!
Il est certainement très regrettable qu’une personne publique telle que Berlusconi aie des mœurs si répugnantes, doublant ainsi son pêché du scandale publique et de l’humiliation de sa nation.
Il faut en revanche se rappeler que l’action politique engage l’ensemble du pays et est en soit autrement plus importante que la faute personnelle, si répugnante soit-elle.
En clair, mieux vaut un chef d’État aux mœurs païenne et à la politique chrétienne que l’inverse (Je n’attribue pas non plus une politique authentiquement chrétienne à Berlusconi).
En ce sens, ou peut mieux comprendre une critique très modérée du chef de l’État.
En revanche, ce qui me choque, c’est surtout le naturalisme radical du Cardinal Bagnasco.
Ou est le rappel de l’horreur du pêché? De l’offense qu’il présente au Dieu aimable et adorable qui s’est abaissé à la condition de sa créature et sacrifié pour nous? Ou est le rappel des peines de l’enfer qui attends l’injuste? Du Salut éternel qui est le but de toute vie humaine? De la grâce qui nous permet de lutter contre l’iniquité qui nous attire?
Les seuls principes rappelés son naturels, c’est la constitution Italienne.
N’est-il pas ahurissant, pour ne pas dire plus, de voir un tel discours venant d’un homme de Dieu, un prince de la Sainte Eglise? Là est sans doute le vrai scandale.