Raphaël Cornu-Thénard, fondateur du Congrès Mission, dont la dixième édition se tenait à Paris du 7 au 9 novembre, a été interrogé par Paul Sugy dans Le Figaro. Extrait :
[…] L’Église a longtemps été hégémonique, puis quand elle ne l’a plus été elle a commencé à s’excuser de tout : aujourd’hui les catholiques sont une minorité parmi les autres en France, et ils le savent. Cela se voit, par exemple dans l’école de mes enfants où le fait de se dire chrétien est moins difficile qu’avant, car aujourd’hui c’est une particularité comme une autre. Cela suscite de la curiosité, mais plus de l’animosité. Nous ne sommes pas dans la fierté ou la revendication, ni dans l’identitarisme : l’esprit du Congrès mission, ce n’est pas non plus le prosélytisme, mais la conscience plutôt d’être les détenteurs d’un trésor que l’on veut partager. […]
À rebours de l’objectif affiché de diversité dans les sensibilités des participants, le Congrès Mission a exclu le mouvement Academia Christiana, après une polémique déclenchée par un article de Libération. Pourquoi avez-vous pris cette décision ?
Nous n’avions pas invité Academia Christiana, ils avaient réservé un stand, comme n’importe quel autre exposant, comme le groupe Bayard Presse par exemple, et tous les autres. Quand ils ont fait cette réservation, on n’a pas dit non : on est allé jeter un œil à leur site internet, on a vu qu’ils organisaient des événements avec des prêtres catholiques, qu’ils n’étaient condamnés ni par l’État ni par l’Église, et on s’est dit que c’était okay.
Puis deux intervenants de nos tables rondes nous ont écrit, de façon bienveillante, pour nous dire de faire attention. On a alors fait plus de recherches, on a vu que la presse rapportait parfois à leur sujet des éléments alarmants, puis les réseaux sociaux s’en sont emparés. Je n’y ai pas accordé plus d’importance que cela, mais notre préoccupation était missionnaire, pas politique, et ces articles ont entraîné un déchaînement de violence. Je suis organisateur d’un événement, je ne pouvais pas prendre le risque que cette violence s’abatte sur les stands du village : des sources m’ont dit que certains membres d’Academia Christiana étaient fichés S, et je ne pouvais pas prendre le risque qu’il y ait des violences.
Des participants se sont émus du fait qu’aucun évêque français n’ait participé à la soirée de samedi à Bercy…
Les évêques de France étaient réunis au même moment à Lourdes. Je préfère ne pas en dire plus, pour ne pas faire de supposition… Ce que je peux dire, c’est qu’on s’est tourné vers l’Accor Arena pour des raisons d’opportunité, la date a été bloquée il y a un an et demi et c’était la seule disponible. Quand on a vu que cela tombait en même temps que l’assemblée plénière des évêques de France, on a appelé l’ancien président de la conférence des évêques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, qui nous a dit : faites-le quand même, on vous bénit et on vous enverra une délégation. Mais il ne voulait pas décider à la place de son successeur d’un changement dans l’organisation de leur assemblée plénière, et après son élection, Mgr Jean-Marc Aveline ne voulait pas défaire ce qu’avait organisé son prédécesseur. La délégation des évêques devait venir ce dimanche, mais pour d’autres raisons, nous avons été contraints d’annuler la journée prévue ce dimanche.
Une messe de clôture a lieu tout de même ce dimanche après-midi en présence de l’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, ainsi que Mgr David Macaire et Mgr Pierre-Antoine Bozo, et le nonce apostolique en France Mgr Celestino Migliore.
