Aujourd’hui, l’Église célèbre le second mystère de la fête de l’Épiphanie, le Baptême de Notre-Seigneur, un événement d’une importance capitale dans la vie du Sauveur. Le Baptême du Christ est avant tout une phase marquante de son activité rédemptrice. Nous avons déjà célébré toute une série de ces événements rédempteurs : l’Incarnation (Missa aurea), la Nativité, la Circoncision, la majorité. Par le Baptême, Notre-Seigneur reçoit, au début de sa vie publique, la consécration de sa mission et il annonce en même temps, dans l’action symbolique du Baptême, la Rédemption de l’humanité par sa satisfaction offerte à notre place. Lui qui est sans péché, se couvre des péchés du monde, descend dans les flots purificateurs et conduit les hommes à la filiation divine. N’oublions pas que le Baptême du Christ est un acte par lequel le Christ se substitue à nous. Il vient au Jourdain pour nous. Il faut donc aussi que, dans notre Rédemption subjective, cet événement se réalise en nous. Il se réalise trois fois.
Il s’est réalisé dans notre baptême : alors nous avons été plongés dans l’eau avec Notre-Seigneur, nous sommes morts et nous avons été ensevelis avec lui ; puis nous nous sommes relevés et pour la première fois le ciel s’est ouvert au-dessus de nous, le Saint-Esprit est descendu dans notre âme et, pour la première fois, le Père céleste nous a nommés enfants de Dieu.
Le Baptême de Notre-Seigneur se réalise une seconde fois à la messe : la mort du Christ est l’eau sacrée où je me plonge ; alors le ciel s’ouvre, l’Esprit du Christ descend sur moi à la Communion et le Père céleste m’assure, par le gage de l’Eucharistie, de ma filiation divine renouvelée et accrue.
Le Baptême du Christ se réalisera en nous une dernière fois à notre mort : la mort aussi est un baptême qui nous fait plonger dans les flots sombres. Quand nous nous relèverons, les cieux s’ouvriront vraiment, nous verrons la Sainte Trinité non seulement par la foi mais dans la vision claire.
Nous pouvons aujourd’hui voir se dessiner les grandes lignes de l’édifice spirituel de la vie chrétienne : la mort du Christ est le fondement sur lequel bâtissent le Baptême et l’Eucharistie, le sommet est le retour du Christ dans la mort.
Extrait de Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique