Évêque d’Ajaccio, Mgr François Bustillo sera créé cardinal le 30 septembre, lors du consistoire. Il répond aux questions de France Catholique :
Quel message l’Église doit-elle transmettre dans notre monde ?
Dieu est désormais absent de notre civilisation. Nous l’avons mis dehors. Or, je m’interroge. Je suis né en 1968. Cinquante-cinq ans après ce qui se voulait un « mouvement de libération », notre société est-elle plus heureuse ? J’observe beaucoup de divisions, de violences idéologiques. Le spectacle donné par certains élus à l’Assemblée nationale est préoccupant. Si même eux cèdent à la violence, comment dire aux Corses ou aux habitants des quartiers nord de Marseille, par exemple, d’être respectueux et pacifiés ? Comment avoir encore confiance dans les institutions humaines : l’hôpital, l’école, etc. ? Foi et confiance vont de pair. Or si nous n’avons plus foi en Dieu, ou si nous ne donnons plus envie d’avoir la foi, comment croire encore en la politique ?
Nous vivons une grande instabilité sociale et humaine, empreinte de matérialisme et d’individualisme. Nous devons donc « réparer » la société avec l’Église, et avec Dieu. Nous devons apporter l’intériorité là où les réseaux sociaux ne nous proposent que d’être à l’extérieur de nous-mêmes. La vie intérieure apporte le silence et favorise l’unité de l’être. Le catholique doit ainsi travailler à être connecté à sa vie intérieure, où il trouve Dieu.
Par ailleurs, nous devons témoigner du don inouï de Jésus pour les hommes. Quand on cherche des renseignements sur le Christ sur internet, nous découvrons ses miracles, ses actions, ses paroles. Mais qui annonce que Notre Seigneur est mort sur la Croix pour sauver l’humanité ? La jeune génération que je vois en Corse venir demander le baptême est vierge sur le plan religieux. Elle ne se soucie pas des histoires de pédophilie qui secouent l’institution. En revanche, elle veut connaître l’âme de l’Église. Cette dernière fait face à un beau défi : faire redécouvrir ses trésors, dont son enseignement fait partie.