Il y a 20 ans, commençaient les JMJ à Paris. Pour l’occasion, La Croix a interrogé Mgr Michel Dubost, alors évêque du diocèse aux armées, chargé de l’organisation de ces Journées mondiales de la jeunesse de 1997. Mgr Dubost est aujourd’hui presque à la retraite. Il sera remplacé bientôt par Mgr Pansard à l’évêché d’Evry.
En 1997, qu’attendait l’Église de France des JMJ ?
Il faut reconnaître qu’il n’y avait pas une grande attente vis-à-vis de ce rassemblement. Peu de personnes y croyaient. Il est clair que c’est le cardinal Lustiger, archevêque de Paris, qui a voulu ces JMJ, qui les a imposées, et qui a eu un rôle très important dans leur organisation. Le souvenir des rassemblements du Bourget en 1980, et du congrès eucharistique de Lourdes en 1981, où il y avait beaucoup moins de monde que prévu, a sans doute joué. Peu de gens avaient pris conscience que l’atmosphère avait changé, et que c’était devenu possible de réunir des jeunes catholiques en masse. La préparation s’est donc faite un peu contre vents et marées. Beaucoup ne voulaient pas que cette organisation repose sur des bénévoles. Pour ma part, je pensais, avec l’expérience des autres JMJ, qu’il fallait aussi que les jeunes aient de grandes responsabilités. On a essayé de mélanger professionnalisme et volontariat des jeunes.
Comment est-on passé de l’indifférence ou l’incrédulité à l’enthousiasme ?
Ce qui a bien fonctionné, c’est la présence des étrangers dans les différents diocèses, avant la semaine à Paris. C’était important pour que l’événement soit populaire. Un autre élément, plus étonnant, a été la dissolution de l’Assemblée nationale en avril 1997. Nous avions prévu un budget publicitaire pour les JMJ. Mais nous avons décidé de reporter la campagne de communication initialement prévue, pour ne pas dépenser l’argent au moment des élections, où l’attention de l’opinion n’aurait pas été à la hauteur de nos attentes. Finalement, c’est au mois d’août, au moment où les participants étrangers étaient déjà là, qu’il y a eu la campagne d’affichage dans le métro. À partir de là, tout le monde y a cru.
Avant les JMJ, un responsable des programmes d’une chaîne nationale m’a ri au nez en me disant que si nous réunissions 30 000 personnes, ce serait le maximum… Au sein de l’organisation, nous avions prévu différents scénarios en termes de participation. Mais nous avions quand même prévu de l’eau et des toilettes en quantité suffisante pour la messe finale à Longchamp qui a réuni plus de 1 million de personnes…
Comment expliquez-vous le succès des JMJ de 1997 ?
Depuis le premier rassemblement à Rome en 1985, les JMJ ont pris place petit à petit dans le paysage ecclésial. Les anciens des JMJ de Saint-Jacques-de-Compostelle, en 1989, et de Czestochowa en 1991, ont leur place dans la réussite de Paris. La volonté du cardinal Lustiger a aussi été déterminante. Il voulait cette évangélisation de la mondialisation. Dans un pays où les chrétiens devenaient minoritaires, il s’agissait de leur donner d’être joyeux d’être chrétiens. Enfin, il s’agissait de faire quelque chose qui marque le rôle des évêques. Les catéchèses ont « converti » les évêques, qui ont été obligés de parler devant les jeunes.
Comment voyez-vous l’avenir des JMJ ?
Quand on a une bonne idée, il faut l’user, mais pas l’élimer jusqu’à la corde. Aujourd’hui, je trouve que ces grands rassemblements coûtent très cher. Il ne faudrait pas que le gigantisme tue les choses. Il faut sans doute inventer quelque chose de nouveau. En outre, notre grand drame, c’est de ne pas réussir à les organiser en Afrique. Mais il est intéressant que ce soit un événement mondial.