Le site de la Fraternité Saint-Pie X a relaté un débat sur la question de la collégialité, posée en effet par la Constitution Lumen Gentium, l’un des principaux textes du concile Vatican II. L’article en question relaye les positions de Mgr Schneider. Pour l’évêque auxiliaire d’Astana, les actes collégiaux ne peuvent être posés par le pape qu’à l’occasion de conciles œcuméniques.
Pour sa part, Mgr Schneider affirme que, si « de façon extraordinaire, le pape peut poser des actes collégiaux au sens propre, dans la mesure où il permet à l’ensemble du collège des évêques de participer à son ministère pétrinien – ministère d’essence personnelle monarchique et inaliénable dans le gouvernement de l’Eglise universelle – cela ne peut se réaliser de façon habituelle et traditionnelle que lors de la convocation des conciles œcuméniques ». Dans ces moments-là, rappelle le prélat, « le pape gouverne l’Eglise d’une manière collégiale avec l’ensemble du collège des évêques : cum Petro. Cela constitue un moyen extraordinaire et exceptionnel de gouverner l’Eglise universelle, selon un mode possible quoique non absolument nécessaire. »
Le terme de “gouvernement monarchique” soit aussi être bien compris:
Afin de préciser la nature du pouvoir dans l’Eglise catholique, Mgr Schneider écrit que « le pape gouverne de façon monarchique dans un sens figuré, selon la signification que le Christ a donnée, ce qui ne doit pas s’entendre dans le sens d’une royauté absolue ou d’une dictature politique. Ainsi, le pape ne pourrait pas dire, selon le mot prêté à Louis XIV : ‘l’Église, c’est moi !’ ».
Des difficultés théologiques sont posées. Pas seulement par la collégialité, mais également par Lumen Gentium :
L’évêque auxiliaire d’Astana n’évacue pas pour autant les difficultés soulevées par la Constitution Lumen Gentium, replaçant tout d’abord ce texte dans son contexte historique : « Après le premier concile du Vatican – rappelle-t-il – il restait encore à approfondir au niveau théologique la relation entre l’épiscopat et le Successeur de Pierre, ce qui n’a pu être fait étant donné la suspension des travaux. » En effet, l’invasion des Etats pontificaux par les troupes révolutionnaires italiennes mit fin en septembre 1870 aux travaux des Pères conciliaires.
Certes, poursuit le prélat, « la Constitution de Vatican II Lumen Gentium a tenté de remédier à cela, et de façon globale, ce document nous a donné une doctrine valable et traditionnelle sur l’Épiscopat. » Cependant, souligne-t-il, « dans sa tentative d’explication du principe de la collégialité épiscopale dans sa relation avec le pape, le texte de Lumen Gentium n’est pas sans contenir certaines formulations qui restent à préciser et clarifier à un niveau doctrinal, ce qui a d’ailleurs poussé le pape Paul VI à publier la fameuse ‘Note explicative préliminaire’ (Nota Prævia) ».
Pour la FSSPX, malgré sa bonne volonté, la Nota Praevia ne suffit pas à dissiper les ambiguïtés “relatives à l’unicité du sujet du pouvoir suprême dans l’Église, telle qu’elle fut définie par la Constitution Pastor aeternus“:
La Fraternité Saint-Pie X, à la suite de son fondateur, s’engage plus avant dans l’analyse, estimant que ladite Nota Praevia, quoique manifestant une réelle volonté de clarification, n’écarte pas suffisamment les ambiguïtés relatives à l’unicité du sujet du pouvoir suprême dans l’Eglise, telle qu’elle fut définie par la Constitution Pastor aeternus du premier concile du Vatican. Mgr Schneider va d’ailleurs dans ce sens, lorsqu’il écrit que : « en dépit de la publication de cette note et d’autres textes du Saint-Siège à ce sujet, l’enseignement relatif à la collégialité épiscopale dans sa relation avec le pape manque de clarté théologique. »
Des éclaircissements sont donc nécessaires:
Il convient enfin de signaler les esquisses de solutions concrètes énumérées par Mgr Schneider : « L’enseignement de Lumen Gentium sur la collégialité épiscopale dans sa relation avec le pape a besoin d’éclaircissements et d’une réflexion théologique approfondie, afin de constituer de façon plus visible un tout plus harmonieux avec la vérité révélée et la tradition constante de l’Eglise. » Et plus loin : « À cet effet, il conviendrait d’encourager et de créer un espace et un état d’esprit permettant les conditions d’un débat théologique apaisé, à l’exemple de la méthode critique choisie par saint Thomas d’Aquin, docteur de l’Église universelle. »
Bref, le débat est ouvert, et il heureux qu’il le soit mené à l’extérieur de la FSSPX. Peut-être est-ce une perspective qui se dessinera dans les décennies à venir. Un débat sur la collégialité est nécessaire. Il peut tout à fait exister dans la sérénité.
Source: “Lumen Gentium : « un éclaircissement reste à faire »”, FSSPX.NEWS.