Le diocèse de Versailles propose une série de méditations et formations par l’art. Cette semaine, la femme adultère.
L’œuvre de Lorenzo Lotto [1] que l’on peut admirer au Louvre propose un cadrage plus serré :
Ces paroles auraient pu être chantées par la femme adultère condamnée par la loi et sauvée par la justice miséricordieuse de Dieu que Jésus nous révèle dans l’évangile de saint Jean au chapitre 8.
Dans l’église saint Wandrille du Pecq, il existe une copie très intéressante d’un tableau du peintre milanais Bonifacio dei Pitati[1]. Elle se trouve au-dessus de l’entrée, au fond de la nef, comme une invitation à tout pécheur que nous sommes à nous tourner résolument vers l’autel qui représente Jésus source de tout pardon.
La scène, coupée en deux par une architecture, présente une foule de personnages : à droite des personnes accompagnent la femme accusée et à gauche des hommes entourent Jésus. La femme accusée d’adultère, tenue fermement par un garde est pressée par des hommes et porte une chemise blanche, sur laquelle elle maintient un manteau avec ses mains croisées sur la poitrine. Sa tête baissée indique qu’elle attend le verdict avec inquiétude, ou peut-être est-ce l’expression du repentir auquel chaque pécheur est invité.
La partie droite de la scène figure l’intérieur du temple où Jésus enseignait quand les scribes et les pharisiens viennent le trouver.
L’œuvre originale permet de mieux lire les détails
De nombreux personnages aux postures variées créent une atmosphère agitée autour de Jésus qui semble au contraire très paisible au contraire. Un homme, juste à sa gauche, se baisse pour lire, en s’aidant de lunettes, ce que Jésus a écrit sur le sol et qu’il indique de sa main droite.
Celui-ci semble marcher de l’intérieur du temple vers l’extérieur et tous les visages sont tournés vers lui ou vers ce qu’il a écrit, il est le centre de l’histoire car plus que la femme, c’est lui qui est accusé par d’hypocrites accusateurs:
«Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. »[1]
Le temple est décoré comme un palais italien contemporain avec, curieusement, une statue de femme nue. Cependant Jésus se détache sur une architecture qui rappelle davantage celle des églises avec deux arcades et un oculus, il est symboliquement placé juste devant une colonne. Au loin, on voit d’autres édifices dont la pyramide de Cestius à Rome ainsi que des ruines, courantes dans les tableaux italiens contemporains.
Jésus déplace la conversation de la loi à la conscience de manière très habile, il nous fait passer d’une conception rigide et mortifère à la liberté dans la vérité.
Il ne condamne personne dans ce récit. Il garde longuement le silence. Il écoute. Il prie, pour ensuite suggérer à ses opposants de regarder en eux-mêmes.[2].
Il délivre de la loi pour ouvrir un nouveau chemin et un chemin de liberté. En effet à la suite de cet épisode, Jésus explique qu’il est venu rendre témoignage à la vérité et invite à en être les disciples : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »[3]
L’œuvre de Lorenzo Lotto[1] que l’on peut admirer au Louvre propose un cadrage plus serré :
Jésus reste au centre de la controverse et les accusateurs sont divisés en deux groupes : à droite beaucoup de gestes qui signifient des paroles : l’un désigne le ciel pour rappeler la loi de Moïse – « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? »[1] –, un autre compte sur ses doigts les raisons de lapider la femme, et tout à droite, fermant la composition et ramenant notre regard au centre, un bras sombre désigne, non la femme adultère mais Jésus…l’autre accusé.
A gauche, il y a ceux qui se délectent, les regards sont libidineux, le soldat en armure qui tient les cheveux de la femme cherche à baisser aussi le manteau qu’elle retient sur sa poitrine pour ne pas paraître nue. Derrière, des regards salissants, un homme coiffé d’un turban arbore un sourire ignoble.
Au centre de la scène, Jésus superbe dans son vêtement rouge et bleu fait face à cette foule d’hommes, il parle avec autorité et sa main arrête toute violence, les renvoyant à leur conscience : «Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. … »[2]
En observant à gauche tu tableau l’hypocrisie des accusateurs, on se souvient de l’enseignement de Jésus au chapitre 5 de st Matthieu, après l’enseignement des Béatitudes : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien ! Moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.»[3]
Serrant encore davantage le cadrage et simplifiant les attitudes, le Titien[4] nous fait contempler combien le regard de Jésus sur la femme adultère est miséricorde : en effet, la miséricorde ne juge pas, elle s’offre. Jésus ne condamne pas, il propose la conversion
Notre œil est attiré par la lumière : la chair claire de la gorge de la femme les vêtements et les visages clairs de celle-ci et de Jésus.
Le tableau du Titien montre à l’horizontale Jésus avec six personnages : cinq hommes et une femme, tous peints dans des teintes de terre. Ils sont sept en tout, symboliquement toute l’humanité, Jésus est à gauche dans le sens de lecture de l’image, créateur et sauveur, source de cette humanité sauvée en lui.
La composition est coupée en deux : une zone sombre qui indique l’intérieur du temple, obscurci dans sa compréhension de la loi, et une zone claire à l’extérieur, montrant le ciel.
La lumière du vêtement de Jésus répond à celle qui éclaire la femme. Un pan de son manteau est bleu teinté d’ocre, et renvoie au bleu du ciel, teinté d’ocre aussi, au-dessus de la femme. Le ciel est venu sur la terre en Jésus et sa miséricorde se répand sur tous ceux qui reconnaissent leur péché.
Jésus regarde avec douceur celle qu’on lui a amenée, son regard restaure sa beauté, ainsi en est-il quand la vie divine nous rend la pureté. Nous pouvons être subjugués par cet instant saisi dans son intensité avec intériorité.
Il y a une sorte d’inversion : la femme adultère est présentée belle et claire. Jésus ne la condamne pas, il la renouvelle par son regard de miséricorde et l’invite à changer de vie. Car il ne s’agit pas de nier le péché d’inviter le pécheur à se convertir : Jésus lui dit en effet : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
En cette année sainte, le pape François nous invite à « ne pas juger et ne pas condamner signifie de façon positive savoir accueillir ce qu’il y a de bon en toute personne et ne pas permettre qu’elle ait à souffrir de notre jugement partiel et de notre présomption à tout savoir » [1]
Cette œuvre de Frans II Francken[2] rend visible la conversation entre Jésus et la femme, les autres protagonistes de la scène étant comme exclus de l’intimité entre la femme et Jésus.
Jésus est placé devant une colonne dorée, il est cette colonne de lumière qui autrefois guidait le peuple lors de l’Exode[1].
Le visage de la femme adultère est éclairé par la lumière qui émane de Jésus et elle semble vêtue d’étoffe d’or.
Toute la Bible chante l’Alliance entre Dieu et l’humanité. Jésus vient sceller une Nouvelle Alliance comme nous le redisons à chaque eucharistie.
Dans ce tableau, Jésus et la femme pécheresse semblent très proches, cette femme est symbole de toute l’humanité à laquelle le Seigneur se présente comme l’Epoux.
Saint Augustin a magnifiquement interprété ce tête-à-tête entre Jésus et cette femme.
Une fois que la foule s’est dispersée, écrit-il, « ils ne restent plus que deux : Miseria etMisericordia », c’est-à-dire la misère humaine et la miséricorde divine.
[1] Exode 13, 21-22 : « Le Seigneur lui-même marchait à leur tête : le jour dans une colonne de nuée pour leur ouvrir la route, la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer ; ainsi pouvaient-ils marcher jour et nuit. Le jour, la colonne de nuée ne quittait pas la tête du peuple ; ni, la nuit, la colonne de feu. »
[1] Bulle d’indiction n°14
[2] Appelé aussi Frans Francken le jeune, 1581-1642, peintre flamand actif sur Anvers.
[1] Jn 8, 4-5
[2] Jn 8, 7
[3] Mt 5, 27-28
[4] Le Titien, peintre de l’école vénitienne, 1488-1576, La femme adultère a été peinte en 1512-1515
[1] Artiste vénitien 1480-1557
[1] Jn 8, 6 Traduction liturgique aelf
[2] D’après Yves Bériault, O.P.
[3] Jn 8, 31 idem
[1] (1487-1553), appelé aussi Bonifacio Veronèse et conservé à la Pinacoteca Brera à Milan. Cette copie est mise en dépôt à l’église saint Wandrille en 1980
Cela ne va pas être facile dans le cadre du dialogue avec les musulmans demandé par Mr Dubost, ci-devant évêque d’Evry au vu de cette vidéo nous montrant un essai de ” shake hand dans le vivre ensemble à Londres … ”
http://www.fdesouche.com/710599-vivre-ensemble-londres
Merci d’excuser le dérapage sur clavier il faut bien sûr lire ” Mgr Dubost ” !
Prier avec la femme adultère, pourquoi pas ?
Mais pourquoi parle-t-on toujours d’elle seule ? Il doit bien y avoir un homme aussi ?
Prier avec la femme adultère, pourquoi pas ?
Mais pourquoi parle-t-on toujours d’elle seule ? Il doit bien y avoir un homme aussi ?
Les accusateurs obéissent aux lois de l’Ancien Testament. Dans le Deutéronome second discours de Moïse 5-18: “tu ne commettras pas d’adultère” et 5-21: “tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain.. rien de ce qui est à lui” donc l’adultère est exécuté par l’homme, la femme est tentatrice, non seule coupable, donc Jésus ne pouvait pas condamner une femme pour une faute commise à 2. Aujourd’hui on représente cette scène comme une preuve de la mansuétude de Jésus, j’y vois plutôt Jésus démasquant des pêcheurs qui aimeraient bien faire disparaître l’objet de leurs désirs