J’avais gardé sous le coude une dépêche de LifeSiteNews, l’ agence d’information pro-vie dirigée par des catholiques américains, qui révélait, le 15 septembre dernier, des informations officieuses en provenance du diocèse de Spokane (État de Washington) dont l’évêque, Mgr Blase J. Cupich, aurait, plus tôt dans le mois, et dans des réunions privées avec certains de ses prêtres et séminaristes, découragé ces derniers de participer activement et visiblement à la neuvième campagne des 40 Days for Life qui commence demain. Une pétition avait été adressée à l’évêque – elle reçut près de 1 000 signatures, dont la mienne… –, le priant de reconsidérer sa position si elle était bien réelle. J’attendais d’avoir des confirmations ou une information avant de traiter de cette curieuse affaire, tout en notant le désarroi des quelque 300 militants pro-vie – essentiellement des catholiques – qui participent depuis quatre ans aux vigiles des 40 Days for Life. Hélas, l’information semble bien réelle avec la publication quatre jours plus tard d’une mise au point amphigourique du diocèse. Officiellement, non, les prêtres diocésains ne sont pas empêchés de participer, selon leur conscience, aux vigiles publiques de la campagne des 40 Days for Life, mais, officieusement, et par courriels privés, l’évêque ne le leur conseille pas et ne le conseille pas davantage aux séminaristes diocésains – ce qui n’a pas peu contribuer à refroidir leur ardeur au nom de l’obéissance –, invitant les premiers « à bien réfléchir à ce qu’il leur avait dit : faire effectivement de leur engagement à enseigner leur première priorité et garder à l’esprit le pouvoir irremplaçable de leur témoignage de leur unité les uns avec les autres ». Tout cela n’est pas très limpide. Tentons d’y voir clair.
Que l’évêque soit maître chez lui, personne ne peut le contester. Et, à cet égard, les récents démêlés de l’évêque d’Amarillo avec le Père Frank Pavone des Priests for Life, ne sont pas à mettre intégralement au passif de l’ordinaire… Que l’évêque souhaite que ne s’installe pas une confusion entre le propre ministère pro-vie du diocèse et la campagne des 40 Days for Life, cela peut aussi s’entendre, à la condition, toutefois, que ce ministère pro-vie et louable ne soit pas exclusif d’autres initiatives louables, fussent-elles d’origine laïc et non cléricale, sans quoi s’installerait un cléricalisme peu défendable. En outre, même si l’élément catholique semble prédominant dans la campagne des 40 Days for Life, la composante protestante est loin d’être négligeable, or un évêque catholique n’a point d’autorité directe sur des protestants. S’il est bon que le “fer de lance” du combat pour la défense et le respect de la vie soit catholique, il est aussi bon que des non catholiques y participent : c’est ce que j’appelle, dans mon jargon, un « œcuménisme de bon aloi ». Mais qu’au nom du « témoignage d’unité » du presbyterium on suggère aux prêtres disposés à participer à la campagne de s’en abstenir pour manifester leur unité avec leurs confrères qui n’y inclinent pas, voilà qui interroge… Il semble bien que Mgr Cupich entende, en ce qui concerne l’apostolat pro-vie de son diocèse, qu’il se limite à l’enseignement et à des actes de piété confinés aux lieux de culte, mais qu’il s’abstienne de présence dans l’espace publique et en particulier devant les avortoirs en raison « de l’environnement politique d’aujourd’hui devenu empoisonné et divisé en particulier pour ce qui touche à l’avortement ». Pas de vague, semble dire l’évêque : une position qui n’est, évidemment, pas celle de nombre de ses confrères dans l’épiscopat : bien des évêques américains n’hésitant pas à se rendre à la tête de leurs ouailles devant des avortoirs pour y prier, y compris dans le cas des campagnes des 40 Days for Life…
Je ne ferai pas d’autres commentaires sur cette triste affaire. Pour ce qui concerne les lecteurs d’Americatho, je ne puis que renouveler ma demande (voir ici) d’associer leurs prières à celles des dizaines de milliers d’Américains qui vont, dès demain, commencer cette “quarantaine” pour la vie, et de prier aussi pour Mgr Cupich.
C’est lamentable. Qu’est-ce alors la mission d’un eveque sinon de proclamer l’evangile et de defendre les innocents?